Image of a worker handling spruce boards at a sawmill with a computer screen

Une belle coupe

Défiler vers le bas

Vous êtes-vous déjà demandé tout ce que les tables de guitares impliquaient en termes de découpes d’épicéa ? Nous avons rendu visite à nos amis de Pacific Rim Tonewoods pour mettre en lumière leur fonctionnement et aborder avec eux les perspectives d’avenir de l’épicéa.

La table d’harmonie d’une guitare est un élément de premier ordre en lutherie. Le nom même de « table d’harmonie » indique le rôle important qu’elle joue : elle transforme l’énergie des cordes en vibration d’un instrument en un mouvement d’air plus conséquent et, au final, en un son acoustique.

« J’imagine toujours la table d’harmonie un peu comme le cône d’un haut-parleur, dit Bob Taylor. C’est la partie qui vibre véritablement. J’envisage le fond et les éclisses comme une enceinte. »

Pendant des siècles, l’épicéa a été le choix de prédilection pour les tables d’harmonie des instruments à cordes, qu’il s’agisse de ceux de la famille des violons, des mandolines ou encore des guitares acoustiques. Les tables de piano sont également fabriquées à partir d’épicéa.

Mais alors, qu’est-ce que ce bois a de si spécial ? En tant que bois tendre de conifère, l’épicéa est léger mais présente néanmoins une rigidité et une solidité idéales, notamment lorsqu’il est coupé de manière « quartersawn » (nous allons y revenir). Son ratio résistance/poids favorable, avec notamment un fort degré d’élasticité, lui permet de résister à une tension considérable des cordes tout en transformant l’énergie de ces cordes en vibration en une réponse sonore claire et dynamique.

Une table en épicéa de qualité peut être facilement mise en mouvement par une attaque plus légère ; elle tend cependant à bien réagir face à un jeu plus agressif et ce, sans perdre de sa clarté acoustique. Elle délivre également une excellente projection et un sustain agréable. L’épicéa est par ailleurs utilisé en tant que barrage interne d’une guitare, même lorsque la table est constituée d’un bois dur comme l’acajou ou le koa.

Au fil des ans, les propriétaires curieux de Taylor nous ont posé de nombreuses questions sur les propriétés importantes de l’épicéa, les choix que nous faisions dans notre processus de sélection, et la manière dont les différences en matière de caractéristiques physiques avaient un impact sur la réponse sonore.

Nous avons aussi beaucoup parlé des tables d’harmonies ces dernières années, concomitamment avec l’architecture interne d’une guitare, notamment lorsque nous avons dévoilé nos innovations dans ce domaine : les barrages V-Class et C-Class. Ces derniers, ainsi que d’autres structures du même acabit, orchestrent les mouvements de la table d’harmonie de manière nuancée et œuvrent de concert avec le fond et les éclisses afin de donner sa voix à la guitare et lui offrir le caractère sonore qui la distingue.

Directement à la source : Pacific Rim Tonewoods

Cette année, avec la sortie de notre nouvelle 814ce Builder’s Edition, l’épicéa est redevenu le centre de toutes les attentions en raison de la construction en quatre parties de sa table (plutôt qu’en deux parties). Cette caractéristique de conception unique nous donne une excellente occasion d’étudier de plus près notre emploi de ce bois et ce, sous deux angles distincts : nous voulions tout d’abord mettre en lumière le processus de production d’une table d’harmonie en épicéa de grande qualité ; ensuite, nous souhaitions vous donner davantage de contexte quant à la construction des tables en quatre parties, alors que nous sommes confrontés à la réalité des épicéas disponibles dans le commerce. Dans les deux cas, nous savions exactement à qui faire appel pour bénéficier de connaissances expertes : notre partenaire et fournisseur d’épicéa de longue date, Pacific Rim Tonewoods (PRT).

Entreprise sise à Concrete, État de Washington, dans la région de Skagit Valley/North Cascades (à environ 80 km au sud-est de Bellingham), cela fait plus de 35 ans que PRT fournit des bois de lutherie haut de gamme. Il est difficile de surestimer leur importance dans le secteur de la guitare acoustique. Ils fournissent la majeure partie des tables en épicéa Lutz et épicéa de Sitka équipant les guitares de fabrication américaine, soit entre 300 000 et 400 000 tables par an.

Outre les tables en épicéa, PRT propose également des ensembles d’érable figuré (provenant de leur région) et de koa hawaïen pour les instruments de musique En parlant de koa : PRT est aussi notre partenaire dans l’entreprise collaborative Siglo Tonewoods, une initiative forestière à plusieurs facettes qui associe la restauration des forêts indigènes d’Hawaï à la culture de koa hawaïen de qualité instrumentale pour les générations de luthiers à venir.

Dans notre numéro de l’hiver 2015 (vol. 81), nous avions parlé de PRT dans le cadre des recherches innovantes que l’entreprise menait sur l’érable, et plus spécifiquement sur la manière de faire pousser un érable figuré qui serait parfait pour les instruments de musique.

À bien des égards, Steve McMinn (fondateur de PRT) et Bob Taylor sont des âmes sœurs, qu’il s’agisse de leur curiosité naturelle et de leur passion pour leur travail, de leur volonté de créer des produits innovants en bois de grande qualité, ou encore de leur implication envers une gérance responsable des forêts. Au fil de leur collaboration et des années, notamment via l’entreprise Siglo, tous deux ont valorisé la vision à long terme et sont extrêmement motivés pour investir dans l’avenir des essences de bois destinées aux instruments de musique.

Construction d’une scierie spéciale consacrée aux instruments de musique

Comme nous l’avions mentionné dans notre article de 2015, le père de Steve McMinn était employé forestier dans le Nord-Ouest Pacifique ; Steve suivit une voie similaire, travaillant comme bûcheron pour pouvoir aller à l’université, puis en tant qu’agent de piste pour le National Park Service (Service des parcs nationaux aux États-Unis) l’été, ce qui contribua à approfondir son appréciation pour la gérance environnementale.

L’intérêt de Steve en matière d’approvisionnement en bois de lutherie fut piqué par la construction d’une guitare à partir d’un kit qu’il avait commandé : il se rendit alors compte que la qualité des bois qu’il avait reçus était inférieure à celle qu’il aurait pu obtenir par lui-même. Il commença donc à récupérer des morceaux d’épicéa de Sitka mis à mal par des tempêtes sur les terres de l’U. S. Forest Service (Service des forêts des États-Unis) en Alaska et dans l’État de Washington. Au départ, il allait randonner dans la forêt, découpait un tronc d’épicéa en blocs, puis rapportait ces derniers dans son sac à dos. Il apprit également quelles étaient les propriétés recherchées par les luthiers pour une table en épicéa ; il peaufina progressivement le fonctionnement de sa scierie pour proposer le meilleur produit possible.

À la fin des années 1980, Steve proposa tout d’abord à Bob Taylor d’acheter des tables en épicéa en lui montrant quelques échantillons tirés du coffre de sa voiture, comme Bob l’a rappelé à Steve lors d’une récente conversation à la scierie PRT.

« Tu m’as dit “Si je te fais une table comme ça, tu l’achètes ?”, et j’ai répondu “Bien sûr que oui !”, se remémore Bob. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’étais à deux doigts de ne plus pouvoir acheter d’épicéa adapté aux guitares… Il me devenait de plus en plus difficile d’en trouver. »

Et ça, c’était quand Taylor ne fabriquait que de 4 à 6 guitares par jour !

Le commentaire de Bob est révélateur de la manière dont l’épicéa doit être coupé afin d’être optimisé et transformé en une table de guitare performante.

Plusieurs décennies plus tard, PRT se consacre à fournir des bois de lutherie de qualité supérieure aux fabricants d’instruments ; à l’instar de Taylor et du reste du secteur de la guitare, l’entreprise a grandi et s’est sophistiquée. Son campus abrite de nouveaux bâtiments, outils et processus, servant tous à transformer de gros troncs en des composants haut de gamme pour guitares.

L’équipe de PRT repousse également les limites en menant des recherches scientifiques novatrices qui visent à découvrir comment l’épicéa est en mesure de générer des sonorités acoustiques. Elle cherche à identifier les rôles que des attributs tels que la rigidité, la densité et l’atténuation jouent, et à quantifier ces propriétés afin de commencer à catégoriser le bois en fonction de ses performances sonores prévisibles.

Selon Steve, grâce à la valeur ajoutée de ces tables classées selon leur son, PRT peut orienter le bon bois vers les bonnes guitares et ce, en fonction de ses propriétés sonores plutôt que de son apparence. Ou, comme Steve aime à le dire : « Nous cherchons à émouvoir les gens, au-delà de la tyrannie imposée par les yeux ».

Si vous aimez les guitares, voir le campus PRT et vous rendre compte par vous-même du mariage entre compétences et soins de leurs procédés vous permettra sans aucun doute d’apprécier à un autre niveau ce qu’il faut pour produire des ensembles de bois destinés aux instruments de musique. C’est pour cette raison que nous voulions y aller et mettre leur travail en lumière.

Mi-mars, j’ai donc participé à un déplacement de deux jours à Concrete en compagnie de Bob Taylor, Scott Paul (notre directeur de la pérennité des ressources naturelles) et Craig Evans, directeur du marketing chez Taylor. Nous y avons été rejoints par Gabriel O’Brien, producteur vidéo, et un autre caméraman, Chris Lallier, afin de documenter le fonctionnement de PRT.

Gabriel et Chris ont passé une journée avec Eric Warner, bras droit, directeur général et partenaire de Steve ; l’homme leur a présenté le procédé de transformation d’une bille d’épicéa en des tables de guitare avec l’aide de deux experts : Justin El-Smeirat, acheteur et fendeur, et Derrick Schmidt, scieur. L’activité principale de la deuxième journée était de filmer une table ronde avec Bob, Scott, Steve et Eric, où serait traitée toute une gamme de sujets autour de l’emploi de l’épicéa pour les tables de guitare.

Parmi les sujets abordés, citons le lieu et la manière dont PRT sélectionne les troncs d’épicéa, la raison pour laquelle ce bois est tant adapté pour les tables d’instruments à cordes, les caractéristiques qu’ils recherchent, la façon de couper les tables, l’importance des morceaux « quartersawn » et les compétences spécialisées de PRT.

Eric Warner et Scott Paul se sont également exprimés lorsque la conversation a porté sur l’évolution de la disponibilité de l’épicéa de Sitka et la raison pour laquelle la découpe de tables en quatre parties allait devenir nécessaire pour les fabricants de guitares. Bob, Steve, Scott et Eric ont parlé des réalités du travail avec des arbres plus jeunes et plus petits (80-120 ans) plutôt qu’avec des spécimens plus gros et plus anciens (250 ans ou plus), que les gens emploient depuis des centaines d’années, ainsi que de l’importance de s’adapter tant au niveau de la scierie que de la lutherie.

La conversation, tout comme un regard plus attentif sur la découpe, ont ensuite été édités ensemble et répartis en quatre sections, que vous pouvez visionner ci-dessous.

Partie 1 : En quête du bon bois de table

Bob Taylor et Steve McMinn parlent de la croissance de Pacific Rim Tonewoods et de sa transformation en un leader des fournisseurs d’épicéa pour les fabricants d’instruments de musique ; des caractéristiques recherchées dans les troncs d’épicéa à des fins de tables de guitare ; et de la meilleure façon de découper ce bois pour en faire des tables d’harmonie. Justin El-Smeirat, acheteur/fendeur chez PRT, revient aussi sur le processus d’approvisionnement et de transport des billes d’épicéa, les caractéristiques recherchées, et la manière dont il évalue et découpe un tronc pour en tirer le maximum en termes de valeur.

Partie 2 : La beauté de l’épicéa

Steve McMinn explique plus en détail pour quelle raison l’épicéa convient aux tables de guitares. Nous retrouvons Justin El-Smeirat auprès de sa fendeuse, où il nous montre comment fendre un rondin d’épicéa en blocs pour optimiser le rendement. Eric Warner nous décrit comment la fabrication de tables en quatre parties permet à PRT de mieux tirer parti d’une bille de bois. Eric se dirige ensuite dans la scierie afin de nous montrer comment les blocs d’épicéa passent alors sur une scie de tête et subissent une découpe « quartersawn » pour donner des planches, contournant ainsi les défauts dissimulés à l’intérieur du bloc. Ce sont ces défauts qui dicteront aux employés s’ils peuvent découper une table en deux parties pour une grande guitare de type dreadnought, ou une table en quatre parties. Le bois entre les découpes de planches destinées aux tables sera transformé en barrages.

Partie 3 : En quête du meilleur épicéa pour les guitares

Steve McMinn et Eric Warner parlent de leur nouvel « ingrédient secret », la technologie de classement sonore, qui leur permet de mesurer et de trier l’épicéa en fonction de qualités telles que la densité, la rigidité et l’atténuation. Cela contribue à prédire ses propriétés en matière de performances acoustiques et ce, afin d’offrir aux luthiers une plus grande prévisibilité et une meilleure homogénéité. Steve et Bob abordent également la valeur d’un bois ayant reçu une découpe quartersawn précise et expliquent leur préférence pour un épicéa à fil de plus grande taille. Dans la scierie, Eric nous montre comment les planches sont découpées afin d’être transformées en des tables en quatre parties, et nous explique de quelle manière les planches sont destinées à devenir soit des tables, soit des barrages, au fur et à mesure que le scieur contourne les défauts du bois.

Partie 4 : Une forêt en évolution

Bob Taylor, Steve McMinn, Scott Paul et Eric Warner discutent de la diminution de la disponibilité commerciale des épicéas anciens et de grande taille, et de la manière dont l’approvisionnement en arbres de plus petit calibre entraîne la fabrication d’un plus grand nombre de tables en quatre parties. Bien que cela entraîne plus de travail, tant du côté de la scierie que de celui des luthiers, il faut en voir les avantages, notamment la possibilité d’utiliser davantage de bois au sein d’une bille et de générer une structure de fil encore plus homogène pour les tables de guitares. Bob et Steve parlent enfin de leur volonté d’adapter les ressources disponibles pour respecter la forêt et continuer à servir les musiciens, sans faire de compromis.

Guitar designer Andy Powers plays a light blue Powers Electric guitar in a luthier's workshop

Une aventure passionnelle

Défiler vers le bas

Depuis peu, Andy Powers vit une douce idylle avec une nouvelle compagne. C’est une guitare électrique. Et ce n’est pas une Taylor !

Cela fait quelques années qu’Andy Powers inscrit son nom sur la tête de nos guitares.

Quand il rejoignit Taylor en 2011, il ferma officiellement son échoppe prospère de lutherie custom, dont le catalogue arborait des acoustiques flat top, des modèles arch top, des mandolines, des ukulélés ou encore des guitares électriques. Cette gamme variée d’instruments témoigne de l’amour universel qu’il porte à la fabrication d’outils musicaux, ainsi que de son expertise dans ce domaine.

Depuis son arrivée, Andy s’est astreint à faire progresser encore plus les designs de guitares acoustiques Taylor : nous avons donc vu naître pléthore d’innovations faisant la part belle à l’amélioration du son – notamment par le biais de son barrage V-Class – ou encore de nombreux modèles primés. Ce que les amateurs de Taylor ne savent peut-être pas, c’est à quel point la vie d’Andy est ancrée dans l’univers des guitares électriques.

Nous allons remédier à ces lacunes !

Au nom d’Andy, nous voulions vous faire profiter des fruits de son nouveau projet solo : une gamme de guitares électriques de marque Powers Electric.

Tout d’abord, quelques avertissements : il ne s’agit pas d’une guitare Taylor. C’est un instrument purement électrique, doté d’un design et d’une identité musicale qui lui sont propres ; il ne peut être fabriqué que par Andy et quelques luthiers triés sur le volet, et en très petit nombre. Andy lui a donné le surnom affectueux de « guitare d’atelier » à cause de son design tellement personnel : c’est l’électrique dont il a toujours rêvé.

Bob Taylor et Kurt Listug, les co-fondateurs de Taylor, ont encouragé Andy à poursuivre son projet. De plus, ils étaient convenus que pour qu’il soit en mesure d’exprimer au mieux sa vision, Andy avait besoin de pouvoir créer librement, en dehors du carcan conceptuel de la marque Taylor.

Nous sommes bien évidemment ravis de vous faire part du résultat de son aventure. Andy est convaincu que dans l’univers des guitares électriques, il existe une place pour un instrument unique, et nous pensons qu’il en a fabriqué un qui se démarque vraiment.

Avant de vous en dire plus sur la guitare en elle-même, nous allons vous donner davantage de précisions sur la manière dont la vie d’Andy a influencé son approche conceptuelle.

Tombé dans l’électrique quand il était petit

Lorsqu’il était enfant, le premier contact d’Andy avec une guitare se fit par le biais d’une acoustique toujours prête à être jouée dans un coin de sa maison de famille. Né de l’union d’un papa menuisier doué et d’une maman artiste, Andy put profiter des nombreux encouragements (et d’un surplus de bois) pour créer des choses ; cela incita l’enfant précoce qu’il était à tenter de fabriquer sa première guitare acoustique avant même d’avoir 10 ans. Avec le recul, il pense que le résultat brut pourrait au mieux être qualifié « d’objet en forme de guitare ». Toutefois, il s’accrochait à l’idée de construire un instrument.

En tant que musicien, la première guitare dont Andy fit l’acquisition (avec un coup de pouce de ses parents) était une Strat d’occasion.

« Qu’est-ce que j’ai pu m’amuser avec elle ! », se remémore-t-il. « Au début, j’étais obsédé par le surf rock instrumental du début des années 60, comme les Ventures ; j’ai absorbé toute cette influence, puis je suis passé aux rockeurs plus récents et aux premiers musiciens de rockabilly, de blues et de jazz. Je crois que je ne suis jamais vraiment passé à autre chose. »

Il se souvient du sortilège puissant que les guitares électriques lui lancèrent à l’adolescence (et dont les effets perdurent encore aujourd’hui), avec leurs coloris audacieux, leurs silhouettes sympas et la gamme infinie de couleurs et d’humeurs sonores amplifiées qu’elles pouvaient évoquer simplement par le basculement d’un sélecteur ou l’appui sur une pédale.

« De leurs formes, leurs sonorités, leurs expressions émane un magnétisme qui attire toute l’attention vers elles », se rappelle-t-il.

Sea, music and fun

La région qui vit Andy grandir nourrit substantiellement sa sensibilité créative. Nous parlons ici du nord du comté de San Diego, en Californie du Sud. Andy habitait à proximité de l’océan Pacifique ; il se découvrit une passion pour le surf dès son plus jeune âge – passion qui subsiste encore à ce jour.

L’éthique dynamique de la Californie du Sud invitait à l’expression de soi et à l’expérimentation en dehors des sentiers battus.

Le mode de vie de la Californie du Sud était très marqué par la culture de la région et les personnages insolites qui y avaient contribué. Le surf, le skateboard, le hot rod, les voitures de collection, la musique, l’art, l’architecture, le design industriel et autres influences créatives croisées formaient une éthique dynamique, qui invitait à l’expression de soi et à l’expérimentation en dehors des sentiers battus.

Bob Taylor peut témoigner de cette sensibilité régionale grâce à sa propre expérience en tant que fabricant de guitares acoustiques à San Diego. En réalité, quand il commença il y a des années à chercher celui qui lui succéderait en tant que luthier (spoiler : c’est Andy qui eut le poste), l’un de ses critères fondamentaux était que cette personne soit aussi originaire de la région de San Diego, et qu’elle soit autodidacte.

« J’ai passé ma vie à construire des guitares, et l’expérience m’a appris qu’il était plus facile et plus acceptable de présenter nos guitares ici, en Californie, que dans l’est des États-Unis, déjà riche d’un patrimoine guitaristique établi, déclare Bob. J’ai également commencé à remarquer les différences créatives chez les luthiers, entre ceux qui venaient de chez nous et les autres de partout ailleurs. Nous voulions nous affranchir des traditions. »

En termes de conception de guitares électriques, la Californie du Sud était à l’origine de nombreuses innovations précoces. À seulement une heure de la maison d’Andy, les pionniers de la guitare Les Paul, Leo Fender et Paul Bigsby s’étaient réunis et avaient discuté chez Les, avant d’écrire des chapitres révolutionnaires de l’histoire de la musique avec leurs designs exceptionnels.

Passons maintenant à l’univers du surf : au cours de la transition entre longboards traditionnelles et planches plus courtes et plus maniables à la fin des années 60 et au début des années 70, la Californie du Sud devint un épicentre de l’innovation dans ce domaine. Étant lui-même surfeur, Andy était attiré par le look des silhouettes des surfs et l’esthétique de ce sport en soi. Au fil du temps, il allait trouver un lien naturel entre le surf et la musique : comment quelqu’un pouvait, de manière similaire, recourir à des planches ou des guitares différentes pour des scénarii distincts, ou comment surfer et jouer de la guitare étaient tous deux des actes permettant d’exprimer des émotions profondément personnelles. Avec le bon matériel, les gens pouvaient s’exprimer de manière fluide et harmonieuse.

Trouver sa voie musicale

Pendant son adolescence, Andy prenait plaisir à réparer et fabriquer des instruments. Avant même d’obtenir son permis de conduire, il était déjà connu en ville comme un réparateur d’instruments chevronné. Il collaborait avec des magasins de musique locaux et des clients privés… Quand il n’était pas en train de surfer ou de jouer dans des groupes de musique avec des amis.

Il peaufina ses riffs à l’université de Californie, à San Diego (incidemment située à proximité de l’un de ses spots de surf préférés), où il étudia la musique avec une emphase sur la pratique de la guitare. Il assistait parfois à des concerts de jazz avec certains de ses professeurs de musique, tout en continuant à réparer et construire des guitares – parfois même pour les enseignants en question.

Des études en histoire de la lutherie

Dans le cadre de son immersion dans l’univers de la restauration et de la construction d’instruments, Andy s’imprégna de l’histoire et de l’évolution de la conception de ces outils musicaux. Parmi les livres fondamentaux qu’il consulta dans le cadre de son apprentissage autodidacte figurent les guides de référence écrit par George Gruhn, fondateur de Gruhn Guitars à Nashville, largement considéré comme l’un des plus grands experts du design des guitares vintage américaines. Au fil du temps, Andy tissa des liens avec George, qui se sont notamment resserrés depuis qu’il est devenu l’architecte en chef des designs chez Taylor. George peut attester de la portée et de la profondeur des connaissances d’Andy et, plus précisément, de sa capacité à remettre en contexte l’histoire du design des guitares.

« Si vous étudiez la progression du design des guitares électriques, vous apprendrez ce qui a été fait et ce qui ne l’a pas été, et pourquoi les choses ont évolué. »

Andy Powers

« Andy est l’une des personnes les plus érudites que j’ai jamais rencontrées dans le secteur des instruments de musique, déclare George. Il comprend le design. Il comprend également ce qu’est la tradition – la pathologie des instruments : ce qui ne fonctionne pas. Lorsqu’il conçoit une nouvelle guitare, il peut observer les systèmes d’évolution qui l’ont précédé. »

Les commentaires de George viennent marquer du sceau de la référence l’approche d’Andy envers la conception d’une nouvelle guitare électrique (en plus des acoustiques). Ayant joué, travaillé sur ou étudié plusieurs des grandes électriques de ces 70 dernières années, il possède une connaissance presque savante de l’histoire du design de ces instruments.

« Si vous en étudiez la progression, vous apprendrez ce qui a été fait et ce qui ne l’a pas été, et pourquoi les choses ont évolué, explique Andy. Ce qui est génial, c’est que vous pouvez étudier beaucoup plus vite que si vous aviez vécu la situation en temps réel. Je n’ai pas eu à attendre le modèle de l’année suivante, ni que quelqu’un modifie l’instrument. »

Au cours d’une conversation, Andy peut facilement diverger et vous parler de l’histoire du design des guitares électriques, vous détaillant par exemple les modèles de Les Paul Standard année après année, de 1952 à 1953 et au-delà, vous indiquant les modifications qui y avaient été faites et pour quelle raison. Discutant à bâtons rompus près de son établi dans son studio, il passe ensuite au crible l’évolution précoce des guitares électriques Fender comme s’il y avait assisté, évoquant leur transition séminale entre les lap steels et les modèles de style espagnol au manche rond ; il aborde alors l’approche modulaire de Leo Fender envers le design, visant à rendre ses instruments plus simples à entretenir, puis aboutit aux raisons de la préférence de Leo pour les micros simple bobinage.

Andy prend un malin plaisir à parler de ce genre de choses, non pas pour étaler ses connaissances, mais parce qu’il aime véritablement absorber (et transmettre) la réflexion, l’approche créative empirique et la résolution de problèmes qui ont alimenté le design des guitares électriques. Ou des voitures de collection. Ou des planches de surf.

Être ou ne pas être, telle est la question (électrique)

Techniquement, on pourrait dire qu’Andy a consacré la plus grande partie de sa vie à réfléchir à cette nouvelle guitare électrique. Son envie de concevoir un genre inédit d’instrument électrique est finalement venue d’une vérité simple et pratique : bien qu’il ait joué, possédé et réparé beaucoup de guitares électriques exceptionnelles (et qu’il ait adoré les caractéristiques variées d’un grand nombre de ces modèles), la guitare qu’il désirait, celle qui répondrait à tous ses critères, n’existait pas.

« Je recherchais un son et des sensations que je ne trouvais pas, indique-t-il. Je voulais quelque chose qui rappelle les inspirations des luthiers d’autrefois, mais qui soit créé pour un contexte plus moderne. Pour moi, cela signifiait partir de zéro, imaginer un nouveau design, en me basant sur des décennies de travail et d’études. »

Il avait pleinement conscience des caractéristiques conceptuelles qui définissaient les autres guitares et s’est intentionnellement mis au défi d’adopter une approche différente.

« Certains éléments existent déjà sur d’autres guitares pour une bonne raison : parce qu’ils conviennent à ces guitares uniques, poursuit-il. Cet instrument était censé être une création inédite ; à un certain degré, il m’a fallu délibérément exclure des composantes que je savais pourtant fonctionnelles et ce, pour m’orienter vers une nouvelle direction. »

« Je voulais quelque chose qui rappelle les inspirations des luthiers d’autrefois, mais qui soit créé pour un contexte plus moderne. »

Andy Powers

Dans certains cas, il a pu s’inspirer des idées pionnières du design des premiers micros électriques, qui étaient limitées par les matériaux de l’époque. À présent, des décennies plus tard, il a pu les réappliquer à un contexte plus moderne, basé sur des matériaux ou des technologies récents.

Pas un design Taylor

Parmi les contraintes qui se révéleraient libératrices était celle qui verrait cette guitare correspondre (ou non) à l’identité conceptuelle Taylor, en particulier la T5z. Après tout, Andy est l’architecte en chef des guitares Taylor ! Il avait déjà travaillé sur une migration du design de la T5z Taylor, la dotant d’une personnalité et d’un look plus électriques. Au début, il a donc commencé par concevoir sa nouvelle guitare dans un cadre stylistique ressemblant. Il a fabriqué quelques premiers prototypes arborant des micros innovants et d’autres caractéristiques exceptionnelles, essayant de les rendre compatibles avec l’image de marque Taylor. Toutefois, les efforts qu’il déployait pour préserver certains liens familiaux avec le reste de la gamme semblaient limiter le potentiel de l’instrument, comme l’explique Kurt Listug dans sa chronique, dans ce numéro.

« J’ai dit à Andy que je pensais que la guitare était bien conçue, bien fabriquée et bien réussie esthétiquement mais que cela n’allait pas du tout, sourit Kurt. Je lui ai suggéré de construire la guitare électrique qu’il désirait vraiment. »

Dans sa chronique, Kurt se remémore également les leçons tirées de la gamme d’électriques solid body lancées par Taylor en 2008 (avant l’arrivée d’Andy), qui trouvèrent quelques amateurs dévoués mais ne connurent jamais de succès à grande échelle. (Quelques années plus tard, ces modèles ont été abandonnés.) Avec le recul, dit Kurt, les guitares ne correspondaient pas à la marque.

« La culture acoustique et la culture électrique sont deux choses bien différentes, avance-t-il. Ce type de guitare électrique a besoin de sa propre marque, de son propre style et de sa propre identité visuelle. »

Concernant sa guitare électrique idéale, les idées d’Andy étaient équivalentes à la situation suivante : imaginez que vous êtes dans un groupe de musique avec plein d’idées de chansons géniales, mais qui ne correspondent pas au groupe ; elles seraient mieux adaptées à un projet solo distinct.

« Comme pour un surf ou un roadster, chaque ligne a été envisagée à la fois pour son look et pour sa maniabilité. »

Andy Powers

L’arrivée de la pandémie s’est véritablement transformée en catalyseur : elle a permis au projet de prendre vie, offrant à Andy davantage de temps pour se recentrer sur la conception de sa guitare dans son studio à domicile. Avec un sens nouveau de liberté créative, il a été en mesure de rassembler toutes ses idées de manière holistique, tant sur le fond que sur la fonction.

Une passion dévoilée au grand jour

Après des décennies passées à étudier et à expérimenter, Andy est prêt à dévoiler la guitare électrique qu’il a toujours voulu créer. Il vous propose ainsi des innovations (dont quelques designs brevetés), tout en conservant des éléments familiers que les guitaristes électriques sauront apprécier. Outre les mécaniques, les cordes, les frettes et quelques autres détails, quasiment tout ce qui touche à cet instrument a été pensé, conçu et construit en interne en partant de zéro. Fortement imprégnée de la sensibilité esthétique de Californie du Sud, cette électrique s’inspire de l’esprit novateur et débrouillard des communautés du surf et du hot rod.

« Je voulais que le corps soit beau, quel que soit l’angle de vue, avoue Andy. Je voulais une forme asymétrique, mais sans sacrifier l’équilibre visuel. Je voulais un style intemporel avec des embellissements modernes. Comme pour un surf ou un roadster, chaque ligne a été envisagée à la fois pour son look et pour sa maniabilité. »

Le design hollow body mince et sans ouïe comporte une architecture interne unique qui optimise la résonnance et le sustain, tout en éliminant le feedback.

La palette de couleurs vives du corps s’inspire beaucoup des peintures mémorables arborées par les voitures de collection. Les autres caractéristiques exclusives regroupent deux options différentes de micros, un système de trémolo/vibrato spécialement conçu avec un cordier « arbre à cames » (qui permet aux musiciens de conserver une hauteur relative plus proche entre les notes lors de l’emploi du vibrato et de bender les cordes sans affaissement de la hauteur), un radius de touche à l’asymétrie unique et des boutons de réglages colorés (fabriqués en interne) créés à partir de couches de résine pour planche de surf et inspirés des œuvres d’art de Josh Martin, façonneur de surfs et ami d’Andy. Même l’étui est un design unique, magnifiquement conçu avec les mêmes matériaux de garniture que ceux des voitures Porsche classiques.

Nous préférons donner à Andy son propre espace pour présenter pleinement sa nouvelle marque de guitares. Nous vous incitons donc à vous rendre sur le site Internet à l’adresse Powerselectricguitars.com ou sur Instagram (@powerselectricguitars), où vous pourrez contempler le superbe look de l’instrument, en découvrir les caractéristiques de performance uniques, et voir Andy et d’autres en jouer et en parler.

Après des mois de tests bêta avec certains des plus grands musiciens de l’univers de la musique, notamment lors d’évènements de présentation à Los Angeles, New York et Nashville, la marque Powers Electric Guitars a été officiellement lancée mi-juin, avec la sortie en petit lot d’environ 30 instruments. Cette guitare ne sera pas proposée à grande échelle de sitôt. Seuls Andy et quelques luthiers triés sur le volet sont capables de la fabriquer, et elle sera pour commencer vendue exclusivement par l’intermédiaire d’un réseau de huit revendeurs Powers Electric sélectionnés.

Vous trouverez la liste complète des revendeurs sur le site Powerselectricguitars.com. Vous pouvez également vous inscrire sur la liste de diffusion de Powers Electric. Vous recevrez ainsi toutes les dernières informations sur la marque, y compris concernant chaque nouveau lot de guitares au fur et à mesure de leur sortie.

Nous sommes convaincus que vous allez aimer ce que vous verrez et entendrez. Nous savons que c’est le cas d’Andy.

Le cours de guitare Wood&Steel : les harmoniques

Défiler vers le bas

Taylor Gamble revient avec trois leçons et vous montre comment utiliser les harmoniques pour colorer vos compositions.

Par Taylor Gamble

Bienvenue dans cette nouvelle édition du cours de guitare Wood&Steel en compagnie de Taylor Gamble, musicienne de session et professeure de musique.

Pour ces trois leçons, Taylor vous présente une technique d’une simplicité désarmante, appliquée dans de nombreux styles de jeu : les harmoniques. Avec leur superbe son carillonnant, les harmoniques permettent de parsemer votre jeu de touches créatives ; vous pouvez également les utiliser dans des accords ou des arrangements en fingerstyle.

Débutant : Introduction aux harmoniques

Taylor commence son cours par une démonstration. Elle vous présente comment jouer des harmoniques ouverts de base sur les cinquième, septième et douzième frettes, et vous indique où pincer les cordes en fonction de l’harmonique que vous souhaitez obtenir.

Intermédiaire : harmoniques et accords ouverts

Taylor vous montre ensuite comment intégrer ces harmoniques dans des accords pour enrichir votre jeu d’une texture saisissante et inattendue.

Confirmé : Harmoniques frettées

Enfin, Taylor aborde plus en détail les harmoniques artificiels, une technique plus difficile qui donne une réponse harpisante sur quasiment n’importe quelle position du manche.

Revenez faire un tour sur cette page plus tard pour découvrir de nouveaux cours de guitare Wood&Steel !

Histoires liées

Volume 103 . 2022 Édition 3

Technique upstroke, accords mineurs de 11e et triades

Le roi de la guitare R&B Kerry « 2 Smooth » Marshall est de retour avec encore plus d’astuces pour jouer du R&B sur un instrument acoustique

Lire cet article

Volume 102 . 2022 Édition 1

Cours de guitare : Guitare acoustique R&B, partie 2

Kerry « 2 Smooth » Marshall, professeur de musique et musicien professionnel, vous offre trois nouveaux cours en vidéo pour vous aider à instiller un peu de soul à votre son.

Lire cet article

Volume 99 . 2021 Édition 1

Cours de guitare : sonorités, posture et utilisation d’un capodastre

Dans cette vidéo, Nicholas Veinoglou, guitariste et directeur musical, vous montre quelques astuces simples pouvant vous aider à enrichir la palette sonore de votre guitare et à peaufiner votre technique de jeu.

Lire cet article

Là où les chansons sont sacrées

Défiler vers le bas

Au Bluebird Café, vénérable établissement de Nashville, la composition musicale est toujours le clou du spectacle.

Nashville est célèbre dans le monde entier pour son titre de capitale internationale de la musique country. Il peut donc paraître surprenant que dans cette ville, la Mecque des auteurs-compositeurs country soit une minuscule salle de concert nichée dans une banlieue quelconque, au sein d’une rangée de petites boutiques bordant une artère commerçante.

C’est du légendaire Bluebird Café dont nous parlons : établi en 1982, il est toujours implanté dans son lieu d’origine, à Green Mills, soit à 16 km des néons et des touristes peuplant les bars et les clubs du centre-ville de Nashville sur Lower Broadway, ou encore de l’emblématique Ryman Auditorium.

« Les gens disent que les artistes country ont le Ryman, et que les auteurs-compositeurs ont le Bluebird », sourit Erika Wollam Nichols, directrice des opérations et directrice générale du Bluebird. Erika commença à travailler au Bluebird en tant que serveuse en 1984, alors qu’elle était à l’université, soit deux ans après qu’Amy Kurland, la fondatrice, ouvrit ce lieu de restauration gastronomique servant le déjeuner et le dîner. Erika put constater l’évolution du café ; d’un restaurant accueillant parfois des concerts, l’endroit devint un paradis sacré pour les compositeurs et autres amateurs de country.

« Amy avait un petit copain qui était guitariste, se remémore-t-elle. Il lui avait demandé si elle était d’accord pour installer une petite scène, il y ferait jouer ses amis. C’est comme ça que ça a commencé. Quand j’ai fait mes débuts ici, c’était des groupes qui se produisaient. Ce n’était pas un lieu dédié aux auteurs-compositeurs. »

Cependant, la petite salle n’était pas adaptée aux groupes tonitruants. Un soir, la personne en charge de la programmation décida de faire monter des guitaristes acoustiques sur scène… La suite de l’histoire, vous la connaissez.

« Quand Amy est arrivée ce soir-là, le public était complètement subjugué par les chansons, poursuit Erika. Elle a également remarqué que la caisse avait enregistré bien plus de commandes qu’auparavant. Elle s’est dit que peut-être, il allait falloir creuser ce truc d’auteur-compositeur. »

À bien des égards, la décoration intérieure cosy – et en grande partie inchangée – du Bluebird, avec ses chaises en bois patiné, ses toiles cirées, sa moquette usée, son plafond menaçant de tomber et ses murs ornés de portraits signés des artistes y ayant joué, lui confèrent un charme rétro pittoresque qui souligne son désintérêt pour les styles à la mode. Avec une jauge d’un peu moins de 90 spectateurs et accueillant des artistes jouant parfois au milieu du public (suffisamment proches des clients pour poser leur boisson sur leur table), le lieu est resté fidèle à sa mission : rendre hommage aux auteurs-compositeurs de country et à leur métier en leur offrant un cadre intimiste pour tester leurs morceaux originaux et nouer des liens avec leur auditoire.

« J’ai vu Vince Gill tendre sa guitare à des personnes assises à la table à côté de lui », sourit Erika.

Si vous souhaitez mieux connaître la riche histoire du Bluebird et de ses importantes contributions à la communauté des auteurs-compositeurs de Nashville, visionnez l’excellent documentaire de 2019 intitulé Bluebird (An Accidental Landmark That Changed Music History). Le film retrace l’évolution du café en une salle de concert axée sur les auteurs-compositeurs, qui a contribué à lancer la carrière d’innombrables compositeurs et artistes tels que Kathy Mattea, Garth Brooks, Faith Hill, Keith Urban, Taylor Swift et bien d’autres encore. De nombreux compositeurs célèbres, artistes, membres du personnel du Bluebird et d’autres personnes viennent ponctuer le documentaire de leurs anecdotes, révélant comment le club est devenu un élément vital de l’écosystème musical de Nashville.

Visionnez la bande-annonce du documentaire Bluebird

Un partenariat avec Taylor pour soutenir les auteurs-compositeurs en devenir

Quelques années auparavant, Taylor Guitars a eu l’occasion d’initier une collaboration avec le Bluebird. Bien que le club soit sélectif quant à ses partenariats, Erika et Tim Godwin, directeur des relations artistes et du divertissement chez Taylor, reconnurent que le Bluebird et la marque étaient tous deux animés d’une même passion : aider les auteurs-compositeurs à progresser.

« Quand nous avons examiné notre partenariat avec Taylor, explique Erika, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire qui soutiendrait à la fois les objectifs de Taylor (donner l’occasion à des musiciens, des artistes et des compositeurs de se produire) et notre volonté de permettre aux gens de progresser. »

Ancien musicien professionnel et amateur de musique bien faite, Tim indique qu’au fil des années, assister à des concerts au Bluebird lui a permis de mieux apprécier le cadre stimulant que le lieu a cultivé.

« Ce que j’aime quand j’assiste à des concerts ici, c’est la façon dont les paroles prennent véritablement vie, déclare-t-il. Quand vous écoutez un disque, vous entendez tout ce qui touche à la production ; ici, c’est simplement la guitare, les paroles, et vous avez vraiment l’impression d’être DANS la chanson. C’est une expérience fantastique, à la fois pour le public et pour l’artiste. »

« Ici, les auteurs-compositeurs sont rois ; notre travail, c’est de veiller à ce que les gens s’en rendent compte. »

Notre partenariat a officiellement pris son envol en 2020, sous la forme du Bluebird Golden Pick Contest : ce concours permettait aux compositeurs de gagner un créneau lors de la scène ouverte du lundi au Bluebird, un événement très convoité. Les auteurs-compositeurs-interprètes, quelle que soit leur provenance, peuvent publier une performance vidéo de leur morceau original sur Instagram et ainsi bénéficier d’une chance d’être sélectionnés pour jouer deux chansons au Bluebird. Un comité constitué par le Bluebird choisit une fois par mois un lauréat ; chaque vainqueur reçoit également une guitare American Dream de Taylor, ainsi qu’un enregistrement vidéo professionnel gratuit de lui en train d’interpréter sa chanson gagnante au showroom Taylor de Nashville, chez Soundcheck Studios. (Pour de plus amples informations sur le concours, veuillez cliquer ici.)

Cette année marque la quatrième édition du concours. Pour lancer la nouvelle saison, quelques membres de l’équipe des relations artistes de Taylor, notamment Tim Godwin, Lindsay Love-Bivens (directrice des relations artistes et communauté Taylor) et Gabriel O’Brien (producteur vidéo), se sont rendus à Nashville pour aborder avec Erika et d’autres l’histoire du Bluebird. Ils se sont également entretenus avec deux artistes et interprètes chevronnés du Bluebird, ayant animé les célèbres concerts « In the Round » du club (l’artiste joue au milieu du public) : Marshall Altman, compositeur, producteur de disques et directeur artistes et répertoire (A & R) à Nashville ; et Dave Barnes, auteur-compositeur-interprète.

Comme le hasard fait bien les choses, Kat & Alex, un duo de musiciens prometteurs avec lequel Taylor travaille, venait juste de se produire pour la première fois lors de la scène ouverte du lundi au Bluebird. Tim a donc pu recueillir leurs impressions toutes fraîches sur l’expérience.

Comment le Bluebird s’est forgé une identité

Remettons quelque peu les choses en contexte : historiquement (et en grande partie encore de nos jours), de nombreuses stars de la musique country n’écrivent pas tous leurs morceaux. À Nashville, les créations des auteurs-compositeurs sont donc essentielles à ce secteur. Toutefois, les compositeurs ne se retrouvent pas sous le feu des projecteurs comme le sont les artistes qui enregistrent leurs chansons ; en général, en dehors de ce milieu, ils ne sont guère connus. Il y a des années de cela, peu de lieux existaient pour que les compositeurs puissent présenter leurs morceaux en live.

Dès que le Bluebird commença à répondre aux besoins des auteurs-compositeurs et à être réputé en tant que salle de concert dans les années 1980, il devint rapidement un centre névralgique important pour la découverte de chansons inédites et de nouveaux talents à Nashville.

Erika narre l’histoire du Bluebird Cafe

« Les membres des services A & R et les artistes venaient ici pour écouter des morceaux, et les musiciens pouvaient commencer à y bâtir leur carrière, nous informe Erika. Kathy Mattea a souvent joué ici et a décroché un contrat d’enregistrement. Une fois que les auteurs-compositeurs ont commencé à revendiquer cet endroit comme leur foyer, Amy a lancé les auditions et la scène ouverte ; elle a mis l’accent non seulement sur les artistes contemporains et leurs tubes, mais aussi sur l’art de la composition. »

À l’instar des humoristes qui perfectionnent leurs sketches en les présentant à un public venu assister à leur spectacle, les auteurs-compositeurs bénéficiaient à présent d’une plateforme live pour interpréter des versions de leurs chansons à l’intention de leur auditoire.

« Si vous vous êtes déjà trouvé dans cette salle, vous savez qu’il est facile de repérer une bonne chanson ; il en va de même pour un morceau moins réussi. Vous avez votre public en face de vous, et ce dernier réagit à la musique, poursuit Erika. C’était – et c’est toujours – un peu comme un labo dans lequel les artistes peuvent expérimenter de nouveaux morceaux. »

Dans certains cas, la chanson peut être très récente : elle a parfois été écrite le jour-même, ou il peut s’agir d’une version partiellement aboutie de celle-ci.

En plein cœur

Le style de concert caractéristique du Bluebird, c’est une configuration « in the round » : au lieu de se produire sur scène, plusieurs auteurs-compositeurs s’assoient au centre de la salle, entourés par le public, et jouent tour à tour leurs morceaux en évoquant les anecdotes qui les ont inspirés. Dans un club déjà petit, cette disposition crée un échange encore plus intimiste entre les artistes et l’auditoire.

Ce format fit ses débuts en 1985, quand un groupe d’amis auteurs-compositeurs chevronnés et habitués du Bluebird — Don Schlitz (« The Gambler »), Thom Schuyler (« Love Will Turn You Around »), Fred Knobloch (« A Lover Is Forever ») et Paul Overstreet (« When You Say Nothing At All ») remarquèrent que quand ils se produisaient sur scène, leurs auditeurs discutaient parfois pendant leur set. Un soir, Don et Thom vinrent et, déterminés à retenir l’attention de la foule, décidèrent de s’installer au milieu de la salle. Non seulement cette approche fonctionna, mais elle créa une expérience immersive unique à la fois pour les artistes et pour l’auditoire.

« Cela correspond si bien à la salle, sourit Erika. Vous avez l’impression d’être dans le salon de quelqu’un. Tout le monde est inclus, et même si vous vous trouvez à 6 mètres, à la table la plus éloignée, vous participez toujours à ce qui est en train de se passer. Je pense que cela donne vraiment au public une chance de se rendre compte de ce qu’est l’industrie de la musique, ici, à Nashville. »

Au fil des années, le Bluebird a élaboré différents formats de prestations pour soutenir et faire progresser les artistes se trouvant à des niveaux spécifiques de leur évolution. Tout le monde peut s’inscrire à la scène ouverte du lundi. Le Bluebird organise également des auditions quatre fois par an pour offrir aux musiciens l’opportunité de jouer lors de la nuit des compositeurs du samedi soir (six compositeurs sur scène, jouant chacun trois morceaux, ce qui leur donne la possibilité de construire leurs chansons). Après avoir participé à quatre concerts du samedi soir et avoir fait bonne impression, les artistes deviennent éligibles pour monter un concert « in the round » avec deux ou trois autres artistes.

« Si les artistes ne se connaissent pas, vous pouvez avoir un concert « in the round » épouvantable de compositeurs pourtant merveilleux. »

Erika Wollam-Nichols

Erika précise que la constitution d’un groupe convaincant est une forme d’art en elle-même.

« Ces concerts ne sont pas mis en place sans réflexion préalable ; il y a vraiment une synergie et une intention sous-jacentes », indique-t-elle.

L’auteur-compositeur principal choisit les autres musiciens qui vont l’accompagner. Cela garantit que les artistes ont déjà de fortes affinités les uns avec les autres, ce qui fait une énorme différence.

« Si les artistes ne se connaissent pas, vous pouvez avoir un concert épouvantable de compositeurs pourtant merveilleux, nous indique Erika. Ils vont juste s’asseoir et s’écouter jouer les uns après les autres. Mais quand vous avez quatre artistes qui ont écrit ensemble, qui emmènent leurs enfants ensemble à l’école, qui ont le même label, qui ont suivi la même voie… Alors là, vous allez avoir une alchimie incomparable. Leurs histoires sont amplifiées par les liens qu’ils ont noués tous ensemble. Et c’est ce que le public ressent quand ils se trouvent en son cœur. »

Marshall Altman entre en scène

Du point de vue de l’auteur-compositeur, jouer au Bluebird peut se révéler à la fois inspirant et intimidant, en particulier quand il s’agit de la toute première fois, déclare Marshall Altman, auteur-compositeur (Frankie Ballard, Eric Paslay, Cheryl Cole), producteur (Marc Broussard, Walker Hayes, Matt Nathanson) et directeur A & R (Katy Perry, One Republic, Citizen Cope).

Malgré ses antécédents en tant que musicien de scène, Marshall avoue que sa première prestation « in the round » au Bluebird s’est révélée éprouvante nerveusement, en partie parce qu’elle n’était pas prévue.

« Mon ami Rob Hatch, qui est auteur-compositeur, se mariait ce week-end-là, et un créneau lui était réservé, se remémore-t-il. Il me semble qu’il y avait Rob, Dallas Davidson, D. Walt Vincent et Lance Carpenter – quatre auteurs-compositeurs vraiment bons. Rob avait fêté son enterrement de vie de garçon la veille, et il ne s’en était pas encore complètement remis. J’étais assis à une table juste là, avec ma femme, Lela. Ils jouent, ils envoient tube sur tube…

Dallas Davidson joue « Rain Is a Good Thing », un énorme succès de Luke Bryan, l’un de mes morceaux préférés de country ; D. interprète « I’m Moving On » (Rascal Flatts), l’un des meilleurs morceaux country de tous les temps… Et là, Rob me regarde et chuchote “Je vais vomir. Viens jouer à ma place.” Je n’avais jamais joué ici avant (en réalité, j’avais écrit un morceau country à l’époque car je compose et je produis principalement de la pop et du rock) ; il se lève, se dirige vers les toilettes et déclare “Marshall va me remplacer”. Je joue donc cette chanson que j’ai écrite avec un célèbre compositeur, Andrew Dorf. Cela faisait très, très longtemps que je n’avais pas été aussi nerveux ! J’ai refusé de jouer au Bluebird pendant des années après ça. »

Marshall s’est depuis remis de ses émotions et a pris la tête de nombreux concerts « in the round » ; il admet toutefois qu’à chaque fois qu’il joue dans cette salle, cela reste un événement spécial.

« S’inspirer de tous les compositeurs qui se sont trouvés ici avant moi est quelque chose de vraiment puissant, dit-il. À chaque fois que je joue ici, je ressens l’énergie de tous ces artistes célèbres ou inconnus qui se sont produits dans cette salle. »

Ce qui fait également du Bluebird un lieu aussi particulier, c’est que la plupart des morceaux que lui et ses collègues auteurs-compositeurs créent et jouent ici n’ont jamais été enregistrés ni entendus par le public auparavant.

« Pour chaque chanson qui a presque été sélectionnée, puis qui a été rejetée, cela permet d’atténuer la douleur, convient-il. L’ouverture d’esprit, le respect et l’amour que le public, les gens qui vous entourent, montrent envers votre art… C’est génial. Cette salle, les personnes qui la gèrent et Erika ont ma reconnaissance éternelle. C’est une oasis où nous pouvons partager les créations de notre vie en tant que compositeurs. »

Dave Barnes

Dave Barnes, auteur-compositeur-interprète, s’est établi à Nashville en 2001. Il a également constitué et joué dans un grand nombre de concerts « in the round » au Bluebird au fil des ans, et déclare qu’il considère toujours ce bar comme un lieu sacré quand il y arrive.

« Quand je marche vers le fond de la salle, j’ai l’impression d’être super détendu, fait-il. Dix minutes auparavant, quand j’arrive – et je ne mens pas – j’ai des frissons, parce que c’est un endroit tellement particulier. C’est une sorte de point zéro, accueillant une magie tellement puissante à Nashville pour les auteurs-compositeurs… Pour tout le monde, en fait.

Je pense que cette salle fait partie des ingrédients de la recette spéciale de Nashville ; vous ne la trouverez nulle part ailleurs. Je suis très fier d’en faire partie, même de simplement m’y produire ou d’en parler aux gens ; il s’agit en effet d’un élément vraiment nécessaire de l’écosystème de Nashville. »

« Nous sommes comme un léger murmure ici. Pas besoin de crier. »

Erika Wollam-Nichols

Des visages dans la foule

Ce qui fait aussi du club un endroit spécial, c’est que vous ne savez jamais qui pourrait être assis dans la foule et être invité à jouer une chanson un soir donné. Il pourrait s’agir d’un compositeur ayant écrit un tube, et dont la version acoustique originale magnifie les paroles d’une manière personnelle unique et entièrement différente de celle, enregistrée, que tout le monde connaît, révélant ainsi l’essence du morceau d’une façon faisant davantage écho à nos émotions.

Peut-être assisterez-vous à l’apparition surprise d’un artiste accompli, comme Ed Sheeran ou Taylor Swift, ou de quelqu’un tranquillement assis dans un coin, regardant le concert – comme le soir où Dave Barnes était sur scène, qu’il repéra dans la foule la légende du fingerstyle, Tommy Emmanuel, et l’invita à le rejoindre.

« J’ai dit “Je ne sais pas si vous le savez, mais voici Tommy Emmanuel, probablement l’un des plus grands guitaristes vivants de notre époque”, se remémore Dave. Il est venu jouer ; évidemment, je me suis dit “Est-ce qu’on peut terminer le concert quand il aura fini ? Quiconque viendrait jouer Sol, Do, Ré après ça, ça allait sembler d’un ennui mortel” », rit-il.

Une opportunité en or

Liana Alpino, responsable de la marque et du merchandising du Bluebird, intervient dans de nombreux aspects opérationnels du lieu, qu’il s’agisse du marketing, des réseaux sociaux, de la supervision du site Web ou de son travail en tant chargée des partenariats du Bluebird. Elle a joué un rôle important dans la coordination de la logistique du concours Golden Pick Contest que Taylor et le Bluebird ont organisé ces dernières années. Selon elle, ce qui rend le concours attrayant, c’est que cet événement offre aux compositeurs en devenir, tous horizons confondus, la chance de remporter un créneau de prestation prisé et de rencontrer d’autres artistes.

Erika et Liana Alpino du Bluebird parlent du partenariat de l’établissement avec Taylor et du concours Golden Pick

« Nous avons eu des lauréats venant de tout le pays, et même un gagnant originaire du Royaume-Uni, déclare-t-elle. C’est génial de voir tous ces musiciens talentueux qui vivent hors des limites de Nashville. J’ai de la chance, car j’ai l’occasion de rencontrer tous les vainqueurs quand ils viennent jouer chez nous ; tous m’ont avoué à quel point ce concours avait de l’importance à leurs yeux. Nombre d’entre eux m’ont dit “Cela me donne une raison d’écrire chaque jour.” Parmi les participants au concours, plusieurs ne sont pas auteurs-compositeurs professionnels ; ils ne sont pas artistes à plein temps. Ils ont une routine quotidienne en plus de la musique… Dans ces conditions, il peut être difficile d’être créatif, mais ces musiciens trouvent que le concours est une bonne raison de continuer à composer mois après mois. »

Kat and Alex

Mari et femme à la ville, le duo Kat et Alex intègre des couleurs latino uniques et de riches harmonies vocales à ses sonorités country, entremêlant parfois des paroles en anglais et en espagnol dans ses chansons. Kat est américaine de première génération, issue d’une famille cubaine ; Alex, quant à lui, est d’origine portoricaine. Les deux tourtereaux se sont rencontrés dans leur ville natale de Miami. Leur amour commun de la musique country et latine a constitué les fondations de leur identité musicale. Depuis leur emménagement à Nashville pour faire progresser leur carrière, ils se concentrent sur l’écriture et l’enregistrement de leurs morceaux originaux, imprégnés de leurs influences mélangées.

Taylor avait déjà prévu de tourner avec eux une séquence vidéo dans notre showroom de Nashville pour notre série Soundcheck ; cela concordait avec la visite de notre équipe au Bluebird. Heureuse coïncidence : Tim Godwin a pu les rencontrer le lendemain de leurs débuts au Bluebird, après les avoir vus jouer la veille. Ils étaient toujours sous le coup de l’émotion de cette expérience marquante.

« Je n’ai jamais autant pleuré en me produisant ! » s’amuse Kat.

« Les gens sont tellement proches de toi, renchérit Alex. C’est un moment si intimiste, où tu laisses vraiment le public intégrer ta carrière, ta vie… Je pense que c’est un moment de partage vraiment spécial. C’est un lieu sacré, et je vais avoir l’audace de le comparer au Grand Ole Opry. »

Le couple a présenté pour la première fois plusieurs nouvelles chansons au cours de leur set.

Kat et Alex jouent leur morceau « I Want It All »

« J’ai chanté une chanson que j’avais écrite pour Kat, et qui lui est dédiée, poursuit Alex. Elle a interprété un morceau que nous avons écrit ensemble et dédié à ses parents. Nous avons également joué un titre que nous n’avons pas encore sorti, intitulé “Cowboys Need Sunsets”. C’était une soirée vraiment spéciale pour partager des morceaux où nous sommes vulnérables, des titres que nous avions composés mais pas encore sortis, pas même sur les réseaux sociaux. »

« J’ai vu des gens pleurer avec moi, sourit Kat. Quelqu’un m’a fait passer une serviette en papier. Je me suis dit “OK, ils ressentent ce qu’on ressent, ils comprennent ce qu’on ressent”. J’ai l’impression d’avoir rempli ma mission quand quelque chose comme ça se passe. »

Investir dans les auteurs-compositeurs de demain

Bien que le Bluebird soit devenu un établissement culte au sein de la communauté musicale de Nashville, la vision à long terme de la fondatrice Amy Kurland incluait de trouver une manière de préserver l’avenir du lieu quand elle prendrait sa retraite. En 2008, quand le moment fut venu pour elle de tirer sa révérence, elle vendit le Bluebird à l’organisme Nashville Songwriters Association International (NSAI), la plus grande association professionnelle d’auteurs-compositeurs à but non lucratif au monde. À ses yeux, la mission de la NSAI (« éduquer, faire progresser et célébrer les auteurs-compositeurs ; agir comme une force unificatrice au sein de la communauté musicale et de la communauté en général ») faisait de l’organisme le gardien des lieux idéal pour son bon fonctionnement.

Amy avait également en tête la personne idéale pour prendre en charge les opérations : Erika, qui avait quitté le Bluebird et travaillait depuis trois ans à la NSAI en tant que directrice du développement, accepta de revenir au Bluebird en tant que directrice générale et directrice des opérations.

Le Bluebird devient une star de la télévision

En 2011, Erika reçut un appel concernant un projet de développement télévisuel pour une série dramatique se déroulant à Nashville et basée sur des histoires autour de plusieurs stars fictionnelles de la musique country. L’équipe créative voulait rendre le cadre de Nashville aussi authentique que possible : ils demandèrent donc s’il était possible de tourner quelques scènes au Bluebird pour un épisode pilote. Erika accepta et la série, intitulée Nashville, fut choisie par ABC. Elle connut six saisons, de 2012 à 2018, et fut diffusée sur ABC, puis ultérieurement sur CMT.

Le Bluebird allait devenir un décor récurrent tout au long de la série. Toutefois, pour ce faire, la société de production (Lion’s Gate) construisit une réplique exacte du club (extérieur et intérieur) en studio. Cette réplique avait été conçue avec une attention minutieuse aux détails pour la rendre aussi fidèle que possible. (Les scénographes sont allés jusqu’à emprunter toutes les photos d’artistes accrochées au mur dans le véritable Bluebird, les ont scannées et les ont fixées au mur du plateau de tournage exactement de la même manière.)

Bien que la série ait transformé le Bluebird en une marque mondialement connue et en un lieu incontournable pour de nombreux fans de Nashville, elle entraîna également une augmentation écrasante du trafic touristique que le club eut du mal à gérer.

« Je crois que le plus drôle, c’est que les gens venaient à cause de la célébrité du Bluebird Café, déclare Erika. Ils ne savaient pas qu’on y jouait de la musique… Qu’on accueillait deux spectacles par soir. Ils s’en fichaient. Tout ce qu’ils voulaient, c’était être entre ces murs en personne, voire éventuellement y faire une photo. Si vous regardez le documentaire, vous vous en apercevrez, car c’est assez stupéfiant. »

Toute cette attention a quand même eu des conséquences positives : elle offrit au Bluebird une plateforme plus conséquente afin de montrer pour quelle raison les auteurs-compositeurs sont si importants à Nashville.

« Ici, les auteurs-compositeurs sont rois ; notre travail, c’est de veiller à ce que les gens s’en rendent compte, poursuit-elle. Nous avons donc eu l’occasion de dire “Nous sommes une salle de concert, nous diffusons des morceaux originaux, nous accueillons des auteurs-compositeurs”… Ça, ça avait marché. Toutefois, nous n’avons toujours que 86 places. »

Le succès de la série télévisée a également suscité davantage d’intérêt extérieur pour le tournage d’un documentaire sur le Bluebird, un projet qu’Erika avait déjà en tête pour documenter sa longue histoire. Elle avait rencontré les cinéastes Brian Losciavo et Jeff Molano, qui avaient travaillé sur la série ; les deux hommes ont sauté sur l’occasion de donner vie au projet.

Erika était ravie du résultat, Bluebird.

« Ça n’aurait pas pu être mieux, admet-elle. Vous auriez ri en voyant le tournage pendant les concerts… Les cameramen étaient sous les tables, derrière les piliers, parfois entre les pieds des gens… Et ce, juste pour pouvoir capturer ce que l’on ressent, le genre de proximité qui se trouve dans cette salle et l’intimité qui se crée entre une personne, un interprète et une chanson. »

Après avoir célébré le 40e anniversaire du Bluebird en 2022, Erika est toujours aussi passionnée : elle désire continuer à préserver l’essence et l’héritage du lieu dans son emplacement actuel, même si Nashville et sa banlieue continuent à connaître une croissance commerciale et résidentielle majeure.

« Ils vont construire un immeuble de 21 étages juste à côté de nous, ça va devenir hyper commerçant dans le quartier, déplore-t-elle. Peut-être allez-vous regarder l’intérieur de notre salle et vous dire “C’est une vieille moquette, ce sont de vieilles nappes”, tout ça… Mais ce lieu possède une énergie et, j’en suis convaincue, est une source d’inspiration pour inciter les gens à créer les meilleurs morceaux de musique possibles. Nous sommes également en harmonie avec les artistes qui collaborent avec nous, et sur la façon dont nous allons de l’avant pour nous représenter les uns les autres. C’est vraiment très important, car nous sommes comme un léger murmure ici. Pas besoin de crier. Il faut vraiment se concentrer sur qui nous sommes et ce que nous faisons, et je crois que Taylor voit les choses de la même manière. »

Histoires liées

Volume 104 . 2023 Édition 1

Un rêve en couleur

Un Tobacco Sunburst et une plaque de protection « firestripe » agrémentent d’un élégant look vintage ces trois nouveaux modèles American Dream en noyer/épicéa.

Lire cet article

Volume 104 . 2023 Édition 1

Cours de guitare : utiliser le système CAGED

Taylor Gamble, professeure de guitare et musicienne pro, nous explique le système d’accords CAGED et nous montre des techniques simples pour améliorer votre maîtrise des accords sur le manche.

Lire cet article

Cours de guitare : utiliser le système CAGED

Défiler vers le bas

Taylor Gamble, professeure de guitare et musicienne pro, nous explique le système d’accords CAGED et nous montre des techniques simples pour améliorer votre maîtrise des accords sur le manche.

Par Taylor Gamble

Nous sommes heureux de vous retrouver pour notre cours de guitare Wood&Steel ! Cette fois-ci, nous avons le plaisir d’accueillir Taylor Gamble, professeure de guitare et musicienne pro, qui a tourné et enregistré aux côtés d’artistes tels qu’Ari Lennox, Stevie Wonder, Tye Tribbett, JJ Hairston, Anthony Brown, Bela Dona et bien d’autres encore. Musicienne de studio accomplie, Taylor est spécialisée dans les styles gospel, acoustique classique, R&B et rock. Suivez-la sur Instagram (@taylrtheg) et bénéficiez de cours plus approfondis via ses leçons en ligne sur Skillshare.

Niveau débutant : présentation du système d’accords CAGED

Pour commencer, Taylor présente le système CAGED d’accords de guitare ouverts. Ces derniers constituent des bases simples sur lesquelles vous pouvez construire des progressions d’accords et des mélodies.

Niveau intermédiaire : tirer le meilleur parti de vos accords

Taylor vous montre ensuite comment le système CAGED peut vous aider à découvrir de nouveaux territoires sonores et ce, en modifiant légèrement les accords, notamment en passant d’un accord majeur aux sonorités joyeuses à un accord mineur à l’ambiance plus sombre.

Niveau confirmé : évoluer au sein du système CAGED

Enfin, Taylor vous explique comment vous servir des accords et des variantes vus précédemment et les placer à différents endroits du manche, vous permettant ainsi de faire évoluer vos accords et vos progressions dans des tonalités et des gammes de fréquences spécifiques.

Nous espérons que vous avez apprécié cette édition du cours de guitare Wood&Steel ! Lisez notre prochain numéro afin d’y découvrir d’autres vidéos pour progresser encore plus.

Histoires liées

Volume 103 . 2022 Édition 3

Technique upstroke, accords mineurs de 11e et triades

Le roi de la guitare R&B Kerry « 2 Smooth » Marshall est de retour avec encore plus d’astuces pour jouer du R&B sur un instrument acoustique

Lire cet article

Volume 102 . 2022 Édition 1

Cours de guitare : Guitare acoustique R&B, partie 2

Kerry « 2 Smooth » Marshall, professeur de musique et musicien professionnel, vous offre trois nouveaux cours en vidéo pour vous aider à instiller un peu de soul à votre son.

Lire cet article

Volume 99 . 2021 Édition 1

Cours de guitare : sonorités, posture et utilisation d’un capodastre

Dans cette vidéo, Nicholas Veinoglou, guitariste et directeur musical, vous montre quelques astuces simples pouvant vous aider à enrichir la palette sonore de votre guitare et à peaufiner votre technique de jeu.

Lire cet article

Racines amérindiennes

Défiler vers le bas

À propos du guitariste Stevie Salas, de RUMBLE et des musiciens amérindiens qui ont contribué à édifier le rock’n’roll

Imaginez cette scène simple : sur la gauche, une platine qui tourne. Sur la droite, écoutant les notes égrenées par l’appareil, une femme du nom de Pura Fé ; ses boucles d’oreille et ses vêtements évoquent subtilement – mais clairement – son héritage amérindien : elle descend des Tuscaroras et des Taïnos. Les morceaux sont rugueux, lo-fi ; il s’agit d’un enregistrement de blues classique du guitariste et chanteur Charley Patton. En l’écoutant, Pura rit, et son visage s’illumine lorsqu’elle reconnaît les mélodies. Elle martèle la cadence et commencer à chanter. Un siècle, voire davantage, d’influences musicales prennent vie ; le lien est indélébile.

« Cela me ramène à mes racines, déclare-t-elle. Je peux entendre tous ces morceaux [amérindiens] traditionnels. C’est de la musique indienne, mais à la guitare. »

Ce bout d’interview, ne durant pas plus de deux minutes, reconstruit des générations de sonorités transmises de cultures en cultures et de générations en générations : la musique folklorique amérindienne, le blues roots afro-américain et le rythme classique du rock’n’roll. Tous sont inextricablement liés, mais d’une manière si évidente que même un auditeur non initié ne pourrait s’empêcher d’y être sensible.

C’est là toute la puissance du documentaire musical de 2017 intitulé RUMBLE : le rock des Indiens d’Amérique, produit par un certain Stevie Salas. Tirant son nom du morceau instrumental classique de Link Wray (Shawnee) et de son riff tonitruant de trois accords, RUMBLE est un film rare, doté d’une sorte de pouvoir de réparation. Il met en lumière des liens culturels autrefois activement démantelés par les gouvernements en place et les valorise auprès des auditeurs modernes. Récompensé par plusieurs prix lors de festivals indépendants du film à sa sortie, c’est un documentaire incontournable pour tout amateur de rock classique, de blues ou de musique roots, tous genres confondus.

Stevie Salas : des mains en or

Lorsque l’on visionne RUMBLE, il apparaît clairement dès le début que ce film est un travail d’amour, imprégné d’une authenticité qui le distingue du documentaire télévisuel lambda et le transforme en une œuvre d’art sincère et inspirée. Avec Stevie Salas aux commandes en tant que producteur exécutif, c’est sans surprise que le long-métrage tient sa promesse : il va révolutionner votre monde.

Né en 1964 à Oceanside, Californie (comme par hasard, à deux pas de Taylor Guitars, dans le comté de San Diego), Stevie Salas est le genre de musicien qui, dans un monde plus juste, serait connu de tous. Toutefois, dans le milieu du rock, ses références inspirent le respect. Bien qu’il n’eût saisi sa première guitare qu’à l’âge de quinze ans, Stevie ne perdit pas de temps pour courir après ses rêves de rock’n’roll : dès 1986, il rejoignit les légendes de la funk George Clinton et Bootsy Collins en tant que guitariste de tournée et de session. Ayant grandi en écoutant des artistes classiques tels que Led Zeppelin, Cream, Jimi Hendrix, James Brown et bien d’autres, Stevie reconnaît l’influence de son beau-père, également musicien de rock, qui sut l’attirer dans l’univers de la musique. Le nom de Stevie Salas circula bientôt parmi les plus grands groupes de l’époque. Il commença une tournée avec Rod Stewart en 1988.

Malgré son CV bien fourni (mentionnant ses prestations aux côtés d’artistes allant de Mick Jagger, Ronnie Wood, Bernard Fowler et Steven Tyler en passant par le rappeur TI, ainsi que les stars de la pop Justin Timberlake et Adam Lambert), la contribution sonore la plus célèbre de Stevie demeure, pour certains, son apparition dans le film culte L’Excellente aventure de Bill et Ted. Mettant en vedette Keanu Reeves et Alex Winter, alors tout jeunes, le film est une œuvre potache majeure : il suit deux cancres adolescents qui, malgré leurs rêves de célébrité dans l’univers du hard-rock, se retrouvent dépassés par les obstacles du quotidien, comme les cours au lycée et leur incapacité totale à jouer de leur instrument. Dotés du pouvoir de voyager dans le temps par Rufus, un mystérieux humain du futur joué par George Carlin, les deux garçons passent d’époque en époque à la recherche de personnages qui pourraient les aider à préparer l’exposé d’histoire le plus épique de tous les temps : cette présentation est leur dernier recours pour obtenir de bonnes notes et leur permettre de vivre leurs rêves de stars du rock.

Phénomènes étranges mis à part, le film s’achève avec un solo impressionnant (bien que musicalement absurde) improvisé par Rufus (George Carlin) devant Bill et Ted médusés. Désirant un peu d’authenticité hard-rock pour ce passage, les producteurs embauchèrent Stevie Salas afin qu’il joue le solo ; ce sont ses mains que vous voyez à l’écran. Pour sortir la suite de notes rapides et désordonnées du solo, Stevie prit sa guitare à l’envers et en joua comme un gaucher pendant l’enregistrement de la bande-son.

Augurant des conséquences positives pour un musicien très respecté, Bill & Ted représenta l’aube une longue carrière qui vit Stevie faire le tour du monde afin d’accompagner les plus grands noms du rock et de la funk. Il lança sa carrière solo avec un projet intitulé Colorcode, qui se fit connaître avec un album éponyme en 1990, produit par Bill Laswell. Stevie partit ensuite en tournée en tant que première partie de Joe Satriani, et l’album se vendit bien dans le monde entier. Il sortit ensuite six autres opus studio sous le nom de Colorcode, ainsi que deux albums live.

« Je n’ai jamais été celui qui se sert de son héritage pour se vendre. Mes racines amérindiennes font partie de qui je suis au plus profond de moi-même. »

Stevie Salas

Il enregistra également sous son nom propre, et ses influences amérindiennes transparaissent dans la majeure partie de son travail solo. D’origine apache, Stevie reconnaît que pendant une grande partie de sa carrière, son héritage amérindien se ressentait dans son jeu, mais que cela était filtré par des musiciens non autochtones, comme Jimmy Page et Jeff Beck. Ces derniers s’inspiraient d’ailleurs des sonorités amérindiennes à travers le prisme du blues américain, un son traditionnellement associé aux communautés afro-américaines du Sud des États-Unis, lors de l’époque précédant la guerre de Sécession et la Reconstruction.

« Je n’ai jamais été celui qui se sert de son héritage pour se vendre, explique Stevie. Je voulais qu’on me connaisse parce que je faisais partie des meilleurs, parce que je travaillais avec les meilleurs, mais purement sur le plan de mon œuvre musicale. Mes racines amérindiennes font partie de qui je suis au plus profond de moi-même. »

Un grondement lointain : naissance de RUMBLE

Stevie se rappelle s’être rapproché de son héritage amérindien lors des débuts de sa collaboration avec Brian Wright-McLeod, un journaliste musical et animateur de radio basé à Toronto et issu des Anichinabés du Dakota. Brian présenta Stevie à Jesse Ed Davis, un guitariste connu pour jouer notamment avec Taj Mahal, Eric Clapton et John Lennon. C’est à cette époque que Stevie décida de se consacrer à des projets culturels qui relieraient les musiciens amérindiens au courant mainstream de la musique pop. Stevie commença bientôt à travailler avec Tim Johnson (Mohawk), l’un des directeurs adjoints de la Smithsonian Institution de Washington D.C., où il monta une exposition thématique intitulée « Up Where We Belong: Natives in Popular Culture » (D’où nous venons : les autochtones dans la culture populaire) avant de commencer à travailler sur RUMBLE.

« Avec ma position d’Amérindien, déclare Stevie, je devais faire quelque chose pour rendre hommage au peuple autochtone d’Amérique, pour laisser en héritage autre chose que moi faisant le pitre sur scène avec une guitare. Je devais faire quelque chose de plus important. »

RUMBLE a été présenté pour la première fois au Festival du film Sundance en 2017, cinq ans après que Stevie lança l’idée. Les éloges de la critique ne se firent pas attendre : le documentaire remporta le prix spécial du jury de la catégorie World Cinema Documentary (documentaires internationaux) pour sa narration spectaculaire. Il fut également récompensé lors d’autres festivals indépendants, et reçut notamment le prix Best Music Documentary (meilleur documentaire musical) au festival international du film de Boulder, ainsi que trois prix Écrans canadiens en 2018.

Musique et histoire entremêlées au sein d’un même écosystème

Le format de RUMBLE ressemble à celui de la plupart des documentaires musicaux. Il regroupe des interviews entrecoupées d’extraits de prestations vintage et modernes, avec des images historiques datant du début de XXe siècle ; c’est une présentation qui paraîtra familière pour une grande partie du public. Là où le film innove vraiment, c’est dans sa remarquable implication à déterrer les fils entre des poteaux musicaux que la plupart des gens, indépendamment de leurs connaissances de l’histoire de la musique, auraient probablement considérés comme n’étant pas liés. RUMBLE suit minutieusement les caractéristiques des styles musicaux, depuis leurs créateurs traditionnellement convenus jusqu’aux influences cachées dans les communautés autochtones américaines – à l’instar d’un biologiste qui pourrait découvrir des rapports invisibles entre des espèces appartenant à la longue chaîne de l’évolution. Les réalisateurs parviennent à nous surprendre et à nous ravir à travers des histoires que de nombreux spectateurs pensaient peut-être déjà connaître.

L’illustration la plus puissante de ces liens nous ramène plus d’une centaine d’années en arrière et nous replonge dans l’histoire des peuples autochtones, des communautés afro-américaines et des États-Unis en tant que nation. Prenez Robert Johnson, le célèbre guitariste dont le jeu aurait constitué les fondations du blues et, par extension, du rock’n’roll, tous genres confondus. La vérité est plus complexe : bien que l’influence de Robert Johnson soit authentique, RUMBLE indique à ses spectateurs une origine toute autre pour les sonorités blues.

Citant une conversation avec son ami, voisin et collègue guitariste Charlie Sexton, Stevie Salas résume la véritable histoire derrière le mythe bien connu.

« Tout le monde parle de Robert Johnson en raison de son anecdote captivante », faisant référence à la légende selon laquelle à un carrefour, Johnson aurait vendu son âme au diable en échange de ses talents musicaux. « Mais quiconque est véritablement informé sait qu’en réalité, c’est Charley Patton l’instigateur du blues. »

Probablement né en 1891, Charley Patton grandit dans le centre et le nord-ouest du Mississippi, à proximité du territoire habité par des Amérindiens, les Choctaws. Il est dit qu’il aurait eu des ancêtres Choctaws en plus de son héritage afro-américain, une association assez courante à la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, mais pourtant mise à mal par les politiques ethniques de l’époque. Comme RUMBLE prend soin de le souligner, les communautés noires et autochtones étaient souvent liées, notamment à la suite de l’évasion d’esclaves cherchant refuge parmi les populations tribales. Les communautés et les villages autochtones accueillaient fréquemment des esclaves en fuite, et devinrent partie intégrante du « chemin de fer clandestin ».

Charley Patton était immergé au cœur de ces communautés autochtones d’Amérique et noires intégrées, s’imprégnant des styles musicaux de ces deux peuples.

Après la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, les relations entre individus noirs et autochtones devinrent plus complexes. En particulier, les tribus des Cherokees, Choctaws, Chickasaws, Séminoles et Creeks accueillaient en leur sein un pourcentage important de personnes d’origine noire. Pour les gouvernements du Sud des États-Unis de l’ère de la Reconstruction, cette mixité était souvent considérée comme une menace, et la discrimination ethnique se poursuivait. Souvent, les Afro-Américains nés d’esclaves libérés et de personnes autochtones voyaient toute la complexité de leur héritage réprimée par le gouvernement de l’époque ; les métis étaient ainsi catégorisés comme Noirs, et non comme autochtones, afin de les dépouiller de leurs droits à la propriété foncière. De même, les législateurs de l’époque cherchèrent à se servir de ce métissage comme d’un outil afin de supprimer les exonérations fiscales accordées aux communautés autochtones d’Amérique.

Politique mise à part, Charley Patton était immergé au cœur de ces communautés intégrées, s’imprégnant des styles musicaux de ces deux peuples. Célèbre pour ses prestations flamboyantes, Charley Patton était connu pour ses tours : il jouait par exemple de la guitare en la passant derrière sa tête… Une petite prouesse que Jimi Hendrix adopterait un peu plus tard. Il est impossible de surestimer l’empreinte de Patton sur le rock : la légende du blues Howlin’ Wolf l’identifia comme principale influence, et ce dernier fut lui-même une source d’inspiration pour des musiciens européens, les plus connus n’étant autres que les Rolling Stones.

Stevie Salas décrit cette chaîne d’influence comme quelque chose qu’on ne voyait pas, alors que cela se trouvait juste sous nos yeux.

« Une fois que vous commencez à chercher, toutes les informations sont là, poursuit-il. Pourtant, personne n’a jamais fait le lien auparavant. »

Les cours d’histoire de RUMBLE couvrent de nombreux sujets, notamment la propagation des concepts musicaux à l’échelle d’un continent entier.

« Nous avons utilisé la musique pour narrer l’histoire du développement de l’Amérique du Nord », affirme Stevie.

Des liens personnels dans le paysage du rock

Les réalisateurs du film (Catherine Bainbridge et Alfonso Maiorana) ainsi que les experts en la matière dessinent soigneusement l’intrigue de cette histoire. Illustrant l’influence et l’héritage des autochtones d’Amérique, de Link Wray à Jimi Hendrix en passant par Johnny Cash (qui mena une longue bataille avec son label pour sortir un recueil de morceaux inspirés de la culture amérindienne), RUMBLE transforme des sons probablement déjà bien connus des amateurs de rock et de blues en un carrefour où les idées se sont heurtées, puis développées en concepts musicaux fondamentaux. Le film explore également la carrière et l’empreinte de musiciens moins célèbres, tels que Jesse Ed Davis, dont le solo bluesy sur le morceau « Doctor, My Eyes » de Jackson Brown lui permit de devenir un musicien de tournée recherché ; Redbone, dont « Come and Get Your Love », le tube de 1974, trouva un nouveau public quatre décennies plus tard grâce au film de Marvel Les Gardiens de la Galaxie, sorti en 2014 ; ou encore Randy Castillo, le batteur forcené d’Ozzy Osbourne et de Mötley Crüe.

L’histoire de Randy présente toutes les caractéristiques du folklore rock’n’roll classique : une esthétique musicale unique qui le distingue des autres batteurs de l’époque, un homme charismatique, une fin tragique. Alors que RUMBLE s’achève, Stevie Salas lui-même intervient pour raconter l’histoire de Randy aux côtés du poète et activiste amérindien John Trudell (Santee du Dakota). Stevie reconnaît le mérite de Randy : ce dernier l’avait rapproché de son propre héritage amérindien dans les années 1980, à une époque où il était plongé jusqu’au cou dans la vie de rock star.

« Je suis dans un jet privé, se remémore Stevie. Je gagne des tonnes d’argent, j’ai plein de femmes à mes pieds, mais rapidement, je ne sais plus qui je suis. Randy Castillo s’est lié d’amitié avec moi en sachant que j’étais Amérindien. On s’est rencontrés à la fin de la tournée avec Rod Stewart. Je plongeais de plus en plus dans l’alcool et la fête… Et il s’est rendu compte que je devenais fou. Il m’a dit “Je t’emmène au Nouveau-Mexique”. »

Stevie admet que pendant une grande partie de sa carrière, il n’avait jamais songé à son ascendance autochtone comme étant une caractéristique déterminante de sa personnalité de musicien, ou de la manière dont il s’identifiait par rapport au reste du monde de la musique. Toutefois, son amitié avec Randy lui a permis de retrouver ses racines.

« [Randy] me dit “Je dois t’emmener en terre indienne”, poursuit Stevie. Je n’avais jamais vraiment entendu cette expression, “terre indienne”. »

Fil conducteur de RUMBLE : l’idée selon laquelle il existe des racines musicales communes entre les peuples d’ascendance autochtone, une manière différente d’aborder les sonorités qui leur permet d’endosser des rôles dans la culture mainstream – et de propager leur influence dans l’arbre généalogique du rock.

« Mon sens du rythme amérindien est dans mon ADN, affirme Stevie. C’est une perception influant sur notre façon d’entendre le tempo. »

Ce sentiment est partagé par les experts auxquels les producteurs de RUMBLE ont choisi de faire appel dans le film, allant de professionnels chevronnés tels que Quincy Jones et Steven Van Zandt, à des musiciens bien connus comme George Clinton et Taj Mahal, en passant par des scribes culturels, dont Martin Scorsese et John Trudell.

Faisant référence à l’époque où Randy Castillo collaborait avec Ozzy Osbourne, le bassiste Robert Trujillo rappelle dans le film comment le Prince of Darkness recherchait des musiciens qui intégraient l’approche spécifiquement « autochtone » à leur façon de faire de la musique.

« Ozzy a toujours dit qu’il aimait travailler avec des autochtones, des Hispaniques. Il avait un lien avec eux, déclare Trujillo. Il sentait qu’ils étaient meilleurs sur le plan rythmique. Il parlait toujours de Randy comme étant une connexion directe avec cette énergie autochtone et ce rythme qu’il aimait. »

Plus que tout, Stevie voulait faire un film qui illustre ces rapports entre les musiciens autochtones et la compréhension maintenant universelle du rock en tant que genre. Il dit qu’il refusa délibérément de faire de RUMBLE un « film ethnique », voulant au contraire créer un long-métrage sur des héros : ces personnes qui portaient ces sonorités dans leur ADN et qui les ont transmises avec amour à travers des générations de musiques et de musiciens.

Dans un entretien récent avec Stevie Salas, animé par l’équipe du contenu Taylor lors de notre émission Taylor Primetime, le musicien a exposé sa vision du film.

« RUMBLE concerne ces gens qui ont changé le monde, y déclare-t-il. Ce dont il s’agit vraiment, c’est de la façon dont les gens qui nous ont appris à tous ce qu’était le rock’n’roll ont tiré leurs enseignements des Amérindiens. Si je vous dis que Jesse Ed Davis était l’un des plus grands guitaristes des années 1970, vous allez peut-être vous dire “Oui, il jouait bien”. Maintenant, si c’est Eric Clapton qui vous l’affirme… Vous vous direz “Hum, je vais peut-être y jeter une oreille plus attentive”. »

Même s’il revient sur les histoires tragiques et qu’il met en lumière les difficultés rencontrées par les ancêtres de Stevie Salas, RUMBLE est sans aucun doute un documentaire rock du meilleur genre. En rassemblant des données historiques et culturelles disparates et en les intégrant dans un support bref mais convaincant, RUMBLE déterre les lignes d’influence autrefois connues uniquement des historiens de la musique et des quelques musiciens qui travaillèrent réellement avec ces héros amérindiens du rock. Bien plus qu’un documentaire de niche, RUMBLE est un film essentiel pour tout musicien ou auditeur qui souhaite comprendre comment le rock est devenu ce qu’il est aujourd’hui.

Taboo (Shoshone), du groupe de pop Black Eyed Peas, synthétise le message vers la fin de RUMBLE.

« Quand vous êtes entouré de superbes personnes issues des Nations autochtones et qu’elles sont fières de leur héritage, cela ne peut qu’inspirer tout le monde. »

Histoires liées

Volume 104 . 2023 Édition 1

Un rêve en couleur

Un Tobacco Sunburst et une plaque de protection « firestripe » agrémentent d’un élégant look vintage ces trois nouveaux modèles American Dream en noyer/épicéa.

Lire cet article

Volume 2 . 2021 Édition 2

Profondément enracinés dans l’histoire : hommage aux influences musicales afro-américaines

En l’honneur de l’African-American Music Appreciation Month, Lindsay Love-Bivens de Taylor et Judith Hill, artiste récompensée aux Grammy Awards, ont visité le tout nouveau musée national de la Musique afro-américaine.

Lire cet article

Volume 104 . 2023 Édition 1

Là où les chansons sont sacrées

Au Bluebird Café, vénérable établissement de Nashville, la composition musicale est toujours le clou du spectacle.

Lire cet article

Garants de la santé des arbres

Défiler vers le bas

Vous êtes-vous déjà demandé comment la population arboricole d’une ville était gérée ? Nous nous sommes adressés à West Coast Arborists pour en savoir plus.

Quelques membres de l’équipe Taylor sont campés dans le bureau de Mike Palat, de West Coast Arborists ; ce dernier nous fait une visite virtuelle de la plateforme de technologie de l’information que WCA utilise pour l’exploitation de son activité. Tous les yeux sont rivés vers un écran vidéo fixé au mur, alors que Mike navigue au sein du logiciel de gestion des arbres ArborAccess de WCA. Il s’agit d’une base de données fiable qui intègre des inventaires détaillés des arbres, ainsi que l’historique des tâches que l’entreprise a compilé pour les villes avec lesquelles elle collabore – soit près de 400 municipalités en Californie et dans certaines régions d’Arizona. Ce système est employé pour documenter l’évolution de plus de six millions d’arbres. Il intègre une cartographie GPS qui suit l’emplacement et le travail de ses arboristes en temps réel.

Mike, VP de WCA avec 20 ans d’expérience au service de l’entreprise, est maître-arboriste agréé, spécialisé dans les services publics et les municipalités. Il supervise les activités de sa société dans le sud-ouest de la Californie du Sud, notamment le comté de San Diego. C’est une encyclopédie vivante sur les arbres, et il est heureux de transmettre à nous, néophytes dans son domaine d’activité, quelques-unes des nombreuses considérations à prendre en compte dans la gestion et la planification d’une forêt urbaine.

La conversation aborde les bases d’un contrat d’entretien des arbres avec une municipalité, ou encore la raison pour laquelle l’expertise de WCA a été essentielle à la collaboration sur le bois urbain orchestrée par Taylor et son entreprise. 

Notre groupe comprend notamment Scott Paul, notre expert du développement durable en interne. Ce dernier connaît bien Mike et s’entretient fréquemment avec lui. (Mike est notre principale personne-ressource chez WCA, et tous deux siègent au conseil d’administration de Tree San Diego, un organisme à but non lucratif s’engageant à améliorer la qualité de la forêt urbaine de San Diego.) Tout au long de la démonstration, Scott a posé de nombreuses questions à Mike pour l’aider à aiguiller la conversation.

Comment les villes gèrent-elles leur population d’arbres?

West Coast Arborists en quelques chiffres

+1100 employés
+12 sites en Californie et en Arizona
+ 675K arbres taillés chaque année
+ 46K arbres abattus chaque année
+ 18.5K arbres plantés chaque année
+ 300K arbres inventoriés chaque année

Mike commence par expliquer de quelle manière les villes créent et gèrent leur inventaire d’arbres urbains. Au sein d’une ville, dit-il, divers services ou organismes peuvent gérer différentes classifications constituant leur population d’arbres publics. Par exemple, à San Diego, le service en charge de la Division des rues de la ville supervise l’entretien des arbres des rues. Le service des Parcs et loisirs s’occupe des arbres des parcs publics. Les arbres plantés près de services publics (lignes électriques) peuvent être gérés par San Diego Gas & Electric (agence du gaz et de l’électricité de San Diego)… Ensemble, tous ces arbres constituent la canopée urbaine de la ville et de sa périphérie : des arbres qui, pour nombre d’entre nous, se cachent en pleine lumière, se fondant dans le paysage au milieu des rues et des bâtiments, mais qui sont en réalité délibérément plantés, documentés et entretenus.

“De nombreux programmes municipaux de gestion des actifs s’occupent des nids-de-poule, des lampadaires, des systèmes d’arrosage… Et des arbres, déclare Mike. Notre logiciel constitue leur référence pour les arbres, et il a été spécialement conçu à l’intention des villes. Ces dernières possèdent des services de systèmes d’information géographique (SIG). Pour les villes sous contrat avec WCA, le fait que leur inventaire d’arbres soit hébergé dans ce programme ne leur coûte rien, et il est consacré à la gestion de leur population d’arbres.”

Une ville qui signe un contrat avec WCA peut bénéficier d’une gamme de services de gestion et d’entretien, en fonction des ressources de ses propres équipes.

“Dans le cadre de nos attributions, nous faisons l’inventaire des arbres pour une ville, poursuit Mike. Les villes sont propriétaires de ces données, et elles peuvent les héberger de diverses manières. Notre logiciel, ArborAccess, est un programme basé sur Internet accompagné d’une appli mobile. En gros, nous facturons la collecte de données (le fait d’envoyer un arboriste collecter ces informations), mais quand un organisme est sous contrat avec WCA, cela ne lui coûte rien lorsqu’il s’agit des autorisations de ce programme.”

Si une ville a signé un contrat d’entretien avec WCA, ArborAccess permet de documenter tout l’historique de travail. Pendant qu’il parle, Mike montre une carte de San Diego avec l’intégration GPS illustrant l’ensemble des équipes de WCA qui travaillent à ce moment précis.

“Vous voyez tous ces points?” demande-t-il. “Ce sont les GPS des équipes, les GPS des véhicules, en temps réel ; cela nous montre où nos employés travaillent, où ils sont garés, à quelle heure ils sont arrivés, à quelle vitesse ils roulent… Tout cela fait partie du programme.”

Qu’une ville ou que WCA s’occupe de la documentation relative à l’inventaire des arbres de la ville, une liste pré-qualifiée est créée et hébergée dans la base de données, avec notamment les recommandations d’entretien pour chaque arbre.

“Par la suite, si nos équipes effectuent des travaux de taille, s’ils voient quelque chose, ils mettent les données à jour pour informer les villes que ces arbres ont changé, continue Mike. Les arbres sont des êtres biologiques, ils sont en constante évolution. Ainsi, c’est un moyen d’indiquer aux villes quels sont ceux qui présentent un risque potentiel.”

Bien que WCA soit en charge de la documentation de l’état des arbres et de la transmission de ces informations à la ville, c’est cette dernière qui dira à ses services quoi faire. Quand il s’agit d’abattre des arbres en raison de leur âge, de leur mauvais état, du risque pour la sécurité, etc., la décision revient entièrement à la ville. Scott insiste sur ce point pour préciser que WCA (ou Taylor) n’est pas en train de faire le tour des rues pour chercher des arbres à abattre.

“Non, pas du tout, sourit Mike. Nous donnons aux municipalités des recommandations en fonction de nos observations, mais en fin de compte, ce sont elles qui décident d’abattre ou non les arbres.”

La conversation vient alors aborder les deux espèces de bois urbain que Taylor achète actuellement auprès de WCA (le frêne mexicain et, dorénavant, l’eucalyptus sideroxylon). Mike fait donc une recherche de ces deux espèces dans la ville natale de Taylor, El Cajon (municipalité cliente de WCA) pour démontrer l’utilité de leur système.

“On trouve 54 frênes mexicains dans la ville d’El Cajon, et si je veux savoir où ils se trouvent, je peux les cartographier… Et voilà. Je peux activer l’imagerie aérienne et, comme vous pouvez le voir, quand je clique sur un arbre, cela me dit ce que c’est, j’ai des détails le concernant, la dernière fois où il a été élagué… Vous pouvez consulter des informations à son sujet : recommandations de routine quant à la taille, aucun problème d’entretien, mais il y a une ligne électrique au-dessus de ce frêne mexicain ; nous allons le noter, car ce n’est pas très bon. ot a good thing for a Shamel ash to be under.”

Le bon arbre au bon endroit

Ce dernier point résume le mantra des arboristes du monde entier : « le bon arbre au bon endroit ». En d’autres termes, du point de vue de la planification et de la plantation, il est important d’installer des espèces d’arbres dotées de propriétés compatibles avec leur emplacement spécifique et servant leur objectif initial, qu’il s’agisse d’offrir de l’ombre, de servir de protection contre le bruit ou le vent, ou encore d’apporter d’autres avantages. Leur croissance ne doit pas s’avérer problématique, par exemple à cause d’une trop grande proximité avec un trottoir ou une rue, car les racines de certaines espèces sont susceptibles de déformer le trottoir ou d’interférer avec les conduites d’égout. Ils peuvent devenir trop grands, et leur cime peut aller toucher les lignes électriques. Cela relève souvent d’un exercice de géométrie : il faut ainsi envisager ce à quoi l’arbre va ressembler à maturité, et prévoir la manière dont il emplira l’espace à l’endroit où il sera planté.

Les “mauvais” arbres plantés au mauvais endroit finissent par devenir des “cibles à abattre”, indique Mike. “En réalité, l’agence San Diego Gas & Electric possède tout un programme qui essaye de se débarrasser de ces arbres problématiques, qui doivent être élagués bien plus souvent que les autres. Elle consacre beaucoup d’argent à nettoyer autour des lignes électriques, et il arrive très souvent qu’elle s’adresse à des organismes et leur dise, en gros, « on vous donne des arbres gratuitement si vous nous laissez abattre ceux-ci.”

Alors que les villes cherchent à planter davantage d’arbres pour développer leur canopée urbaine, elles ont également des emplacements vacants cartographiés et désignés comme sites de plantation appropriés. Mike zoome sur la carte, montrant une série de points gris qui représentent ces sites.

“Si nous effectuons une analyse des sites vacants, on pourrait par exemple vouloir mesurer la largeur d’une promenade, poursuit-il. S’il y a des lignes électriques aériennes, tout cela entre également en ligne de compte en termes de prise de décision.”

La durée de vie moyenne d’un arbre urbain est de huit ans.


Selon l’endroit, l’une des difficultés avec la plantation d’arbres, c’est de déterminer qui va les arroser, déplore Mike. “En ce moment [en Californie du Sud], c’est la plus grande difficulté que nous rencontrons, ajoute-t-il. Même si les villes sont prêtes à céder des arbres, personne n’en veut. Il existe des contrats d’arrosage, mais cela coûte cher. Ou alors, vous allez trouver un locataire qui va vous dire, OK, je m’en occupe, et puis qui va déménager, et la personne suivante n’en aura rien à faire. Cela explique principalement pour quelle raison la durée de vie moyenne d’un arbre urbain est de huit ans.”

Le coût de l’arrosage d’un arbre fait malheureusement les frais d’une idée fausse, continue Mike.

“Certaines personnes croient qu’il faut des milliers de dollars par an pour qu’un jeune arbre se développe, élabore-t-il. En réalité, cela coûte une dizaine de dollars par an. Les litres d’eau nécessaires peuvent être employés de manière stratégique pour optimiser ce dont l’arbre a besoin pour s’épanouir.”

Planter et entretenir un jeune arbre coûte environ 10 dollars par an.


Une grande partie des décisions liées à la plantation d’arbres en ville doivent prendre en compte l’impact à long terme des milieux dans lesquels ils vivent et grandissent. Il est de plus en plus essentiel de prévoir comment les effets du changement climatique vont obliger les villes à repenser la viabilité de leurs populations d’arbres pour les décennies à venir.

À cette fin, WCA a travaillé avec d’autres experts des arbres en Californie pour croiser les données et créer une base encore plus détaillée à l’échelle de l’État, avec des profils d’arbres et des recommandations pour leur plantation. Matt Ritter est l’un de ces partenaires. Professeur au département de biologie de Cal Poly, San Luis Obispo, il est également expert en horticulture, auteur et l’une des plus grandes autorités mondiales sur l’eucalyptus. La base de données virtuelle de Matt, SelecTree (https://selectree.calpoly.edu/), est une excellente ressource pour sélectionner les espèces appropriées en Californie.

“Le programme que nous avons élaboré avec Matt a fait connaître des arbres dont personne n’avait entendu parler et ce, afin d’obtenir une certaine dynamique sur des espèces qui devraient être introduites pour contribuer à la réussite future d’initiatives de plantation”, déclare Mike.

Pour démontrer quelques-unes des autres fonctionnalités de leur logiciel, Mike extrait les données relatives aux arbres d’El Cajon (là où siège Taylor) pour nous donner un aperçu de l’inventaire des arbres. Nous pouvons observer, statistiquement, les 10 espèces les plus plantées, triées par pourcentage de la population d’arbres : l’espèce Lagerstroemia est en tête avec 12,7 %, suivie par le palmier de la reine (Syagrus romanzoffiana) avec 12,2 %. Ces données permettent de mener une diversification saine des espèces plantées.

“Vous ne souhaitez pas voir une espèce dominer votre population d’arbres à plus de 10 %, en particulier ici, en Californie”, explique Mike. “La diversité des espèces, c’est important. La raison, c’est que de nouveaux ravageurs arrivent en Californie tous les 40 jours ; votre population d’arbres devient vulnérable si votre pourcentage dépasse 10%.”

La diversité en termes d’âge est une autre considération statistique importante pour évaluer la santé de la population d’arbres d’une ville, dit Mike en regardant la taille des spécimens pour estimer l’âge des arbres d’El Cajon.

“Seul 0,55 % des arbres présentent un diamètre supérieur à 78 cm. Il serait judicieux de mieux répartir cette diversité d’âge, poursuit-il. En général, lorsque les arbres atteignent ce diamètre, ils deviennent des cibles à abattre ; en effet, de nombreux éléments peuvent les affecter au fur et à mesure de leur vieillissement, qu’il s’agisse de maladies, de ravageurs, du déclin ou du fait de ne pas être appropriés pour leur site de plantation.”

Quand on parle de l’inventaire des arbres de Californie, un facteur qui a fait de l’État un centre de la diversité arboricole est son climat méditerranéen (et les microclimats des zones littorales, des vallées dans les terres ou des montagnes), qui permet à de nombreuses espèces de s’adapter. De plus, Mike souligne qu’une vaste partie de la Californie, en particulier les régions centrale et méridionale de l’État, étaient à l’origine essentiellement des « toiles vierges », peu couvertes d’arbres, ce qui explique pour quelle raison de nombreuses espèces ne sont pas endémiques. (À titre d’exemple, veuillez lire la rubrique Pérennité de Scott Paul dans ce numéro : il y aborde l’histoire de la Californie avec l’eucalyptus).

La conversation revient aux espèces d’arbres urbains avec lesquelles Taylor travaille. Mike montre alors l’emplacement de certains eucalyptus sideroxylon dans la zone. Nous espérions prendre quelques photos d’eucalyptus et de frênes mexicains matures quelque part à proximité, et il a repéré quelques endroits : l’un est une bande médiane le long d’une route, comprenant plusieurs grands eucalyptus ; l’autre est un parc abritant à la fois des eucalyptus et des frênes mexicains.

Sans l’analyse des données de WCA, Taylor ne serait pas en mesure de s’engager à utiliser ces bois urbains sur des modèles dédiés.


Scott souligne que le logiciel de WCA a permis à Taylor de s’engager à utiliser du frêne et de l’eucalyptus sideroxylon sur des modèles dédiés dans notre gamme.

“La grande question pour Taylor, au-delà des propriétés adéquates pour la fabrication de guitares, était de savoir si l’approvisionnement serait constant à l’avenir, dit-il. La base de données de WCA a permis de nous montrer qu’il existe encore un grand nombre d’arbres dignes d’intérêt dans tout l’État, qu’on en plante toujours de nos jours et, en fonction de l’espérance de vie moyenne de ces espèces, WCA peut nous donner une assez bonne estimation des taux d’abattage annuels. Bien sûr, ce chiffre évoluera d’une année sur l’autre, mais cela nous a donné la confiance nécessaire pour aller de l’avant. Si WCA n’avait pas été en mesure de faire cela, nous n’aurions pas pu nous engager à employer régulièrement ces bois dans notre gamme.” 

Depuis la signature de ce contrat d’approvisionnement en 2020, Taylor et WCA ont continué d’investir dans des processus et une infrastructure qui améliorent les capacités opérationnelles de WCA avec du bois issus des arbres abattus.

“Nous possédons dorénavant une procédure spécifique : lorsqu’un organisme fait une demande d’abattage d’un frêne mexicain, mon téléphone sonne et nous pouvons nous assurer de communiquer avec l’équipe d’abattage, déclare Mike. Cela nous rappelle d’être très minutieux lorsque nous tombons l’arbre et veille à ce que ce dernier soit emporté vers notre cour de tri d’Ontario (Californie).”

Dans cette vidéo (extraite d’une discussion plus étoffée sur l’approvisionnement en bois urbain), Jay Parkin (producteur de contenu chez Taylor) s’entretient avec Scott Paul, notre directeur de la pérennité des ressources naturelles, Andy Powers, designer et maître-luthier Taylor, et Mike Palat, arboriste en chef chez West Coast Arborists. Le quatuor aborde la définition d’une forêt urbaine, les facteurs qui entravent le bon approvisionnement en bois urbain et le rendent plus onéreux que ce qu’on pourrait penser, ainsi que ce qui a incité West Coast Arborists à commencer à créer une infrastructure pour soutenir ce nouveau modèle d’approvisionnement.

Taylor a également travaillé en étroite collaboration avec WCA pour préserver et couper correctement les rondins, d’une manière qui soit appropriée à la fabrication de guitares.

“Il ne fait aucun doute que nous avons énormément appris à vos côtés, conclut Mike. Nous avons construit davantage de structures d’ombrage, nous entretenons dorénavant l’humidité du bois… Nous ne nous en inquiétions pas avant de commencer à travailler avec vous. À présent, nous effectuons les découpes comme vous nous les avez montrées.”

Cette infrastructure créera idéalement les fondements d’une économie circulaire autour de ce bois et, espérons-le, servira de modèle pour la fabrication d’autres produits à forte valeur ajoutée.

En plus des autres critères qui contribuent à déterminer quels sont les arbres à planter dans les environnements urbains à l’avenir, la valeur de ces spécimens en fin de vie deviendra peut-être – avec un peu de chance – un autre élément à prendre en compte.

Crash-test guitares avec des pros

Défiler vers le bas

Nous avons invité quelques musiciens exigeants à tester nos nouvelles guitares de série 500. Voici ce qu’ils en ont pensé.

En juillet, des membres de notre équipe des Relations artistes ont passé une journée à rencontrer divers musiciens talentueux basés à Los Angeles, chez Republic Studios (une filiale du label Universal Music Group). Lors d’une série de sessions individuelles, ils ont cherché à connaître les premières impressions de ces artistes exigeants quant à nos nouvelles guitares en eucalyptus.

Nous voulions obtenir des réactions franches, partiales ; ainsi, à part le style de caisse des guitares, nous n’avons révélé aucune information à leur sujet. L’ensemble des artistes sont des musiciens Taylor avec lesquels nous travaillons. Pour être complètement honnêtes, nous devons indiquer qu’ils ont déjà des affinités pour nos guitares. Cela dit, nous leur avons demandé ce qui distinguait ces modèles en particulier, que ce soit positif, négatif ou autre. Nous leur avons proposé la 512ce et la 514ce, et les avons encouragés à jouer sur ces deux instruments, en commençant par le modèle qu’ils voulaient.

Sur le plan esthétique, presque tout le monde a adoré le look du subtil Edgeburst, en particulier en association avec le coloris légèrement plus sombre de la table en épicéa torréfié. Plusieurs artistes ont aimé le filet en imitation écaille de tortue. Musicalement parlant, le groupe penchait assez uniformément soit pour un modèle, soit pour l’autre.

Voici ce qui est principalement ressorti de leurs réactions.

Matt Beckley

Guitariste, auteur-compositeur, producteur, ingénieur

[Joue d’abord sur la 512ce.] C’est génial. [Prend ensuite la 514ce.] Celle-ci te demande un jeu énergique. Alors, c’est quoi le truc ? Pourquoi est-ce que ça sonne aussi bien ? Le son est vraiment articulé, mais équilibré… Il y a une très bonne réponse dans les graves, une bonne résonnance. On ne dirait pas que c’est une guitare neuve, mais ce n’est pas péjoratif. On n’a pas l’impression qu’elle ait besoin d’être rôdée. Elle a la jouabilité d’un vieil acajou, elle paraît vieille mais dans le bon sens du terme. 

J’enregistre beaucoup et, parfois, en particulier quand tu as une guitare acoustique, tu dois fournir beaucoup d’efforts ; avec celle-ci, on dirait que l’EQ a déjà été faite, mais en bien… C’est à ça que ça me fait penser. C’est vraiment équilibré dès le départ. Le son n’est pas raboté.

Tu as l’impression que ça pourrait être ta seule et unique guitare, parce qu’on dirait qu’elle va super bien s’enregistrer, et en même temps elle t’inspire, te pousse à composer. C’est un peu comme quand tu prends une bonne vieille guitare à épaules tombantes, ou un instrument du même genre… Ils sonnent bien dans ton salon, mais tu dois énormément retravailler leur son en studio, ou ça ne rend pas bien sur scène. C’est une bonne source d’inspiration pour jouer, mais aussi pour composer… Dans la pièce, ça semble également être une bonne guitare d’enregistrement. Je dirais donc que je m’en servirais pour quasiment tout. Autre chose : tu peux y aller énergiquement, mais sa réponse est satisfaisante face à un jeu en fingerpicking. Elle est vraiment sympa, celle-là.

Quant à la 512ce… Elle a un volume impressionnant pour une guitare aux dimensions aussi réduites. Et pourtant, j’ai la main lourde ! Elle a cet effet de compression mais elle ne salit pas le son, parce que sur les nombreuses guitares à caisse de plus petite taille que j’utilise, je ne peux pas y aller aussi fort, ce qui n’est pas un mal ; ça s’ajuste à mon jeu… Il y a énormément de basses qui ressortent, mais de manière vraiment contrôlée, pas brouillonne. 

Les guitares Taylor parviennent à délivrer des graves conséquents et une bonne projection, mais sans souiller le mix ; en tant que producteur et musicien jouant principalement en live, ce que je recherche, c’est un instrument qui étaiera cela… 

[Après avoir appris quels sont les bois sur cette guitare] Cette guitare est fantastique. Je ne parviens pas à croire que ce n’est pas de l’acajou ! Ça sonne vraiment comme de l’acajou. C’est vraiment spécial, et en tant que personne se souciant de la planète, je suis content que vous trouviez un moyen de la préserver… Vous avez vraiment assuré.

Dory Lobel

Musicien, auteur-compositeur, producteur, membre du groupe jouant dans l’émission The Voice depuis 10 ans

[Il regarde la 514ce.] Elle est belle, le manche est chouette. [Joue un accord.] Waouh… OK, tout d’abord, cet instrument est très, très bien ; il est vraiment surprenant. Super doux, super équilibré. On n’entend presque aucune aspérité, alors que quasiment toutes les acoustiques en ont. Souvent, les instruments acoustiques sont construits à des fins de volume et de projection ; parfois, les notes individuelles manquent de caractère, elles ne s’affirment pas. J’ai l’impression… que chaque note a une forte personnalité, mais qu’elle est très ronde. 

Le mot qui me revient sans cesse, c’est « équilibre ». L’instrument est vraiment super équilibré. J’ai vraiment une relation « Je t’aime/Moi non plus » avec les guitares acoustiques. Peu de gens le disent, mais je pense qu’elles sont tout d’abord conçues pour délivrer du volume. Je les compare toujours aux mandolines ou aux banjos, qui ont bien plus de personnalité et de médiums. Mais c’est ce que je recherche dans une acoustique : je veux un son qui soit suffisamment intéressant pour que tu puisses jouer une petite note et c’est tout… Tu peux la laisser sonner. L’intonation est dingue.

C’est intéressant parce que l’instrument délivre toute la gamme de fréquences en hi-fi, mais pas au détriment de la douceur. J’aime beaucoup de choses, comme Elliott Smith, avec ses morceaux acoustiques très émouvants, mais avec un petit quelque chose de Tony Rice, un son bluegrass haute-fidélité. La façon dont la guitare sonne, son intonation… Tout s’épanouit à merveille. Je savais qu’elle serait top – cela fait 20 ans que je joue sur des modèles de série 500 – mais elle est vraiment épatante.

À The Voice, je me sers énormément de cette forme [Grand Auditorium] : c’est l’une de mes préférées. Celle-ci, et je pense que tout le monde va être d’accord avec moi, c’est un couteau suisse musical. Je sais que certains disent que des formes sont plus propices à un jeu au médiator ou en accords. Celle-ci, croyez-moi, elle peut tout faire. J’en ai joué avec Ryan Adams, Alison Krauss et Vince Gill… Rien n’est impossible avec cet instrument, et vous pouvez même enregistrer avec. Vous recourez davantage à certaines guitares en live parce qu’elles sont fiables, et vous prenez autre chose en studio. Celle-ci, elle peut faire les deux sans aucun doute. Elle est superbe… La preuve, je ne veux pas arrêter d’en jouer !

Jaco Caraco

Guitariste de session/scène, membre du groupe dans l’émission The Kelly Clarkson Show

[Joue d’abord sur la 512ce.] Elle sonne bien. Waouh… Je n’en reviens pas, le sustain dure encore ! Je ne crois pas avoir déjà entendu ça auparavant. Les sensations sont géniales, le son est top. Il est sympa, boisé, ce que j’adore avec une guitare acoustique. Parfaitement juste. Waouh, j’adore.

J’aime beaucoup les médiums. Ils ne sont pas abrupts. L’instrument sonne super bien quand vous le jouez en fingerpicking, mais si vous jouez en accords, il est tout aussi épatant.

[Joue sur la 514ce.] Bien évidemment, la caisse est plus imposante, donc on a davantage de basses, presque plus comme une J-200. Pour moi, maintenant que j’ai entendu les deux, que j’ai pu jouer sur les deux… Celle-ci serait probablement davantage celle que je prendrais pour gratter des accords. Elle délivre ce petit côté scintillant sympa. Très impressionnant.

C’est une guitare incroyable. Elle est vraiment bien équilibrée. Et vous sentez les basses résonner en vous… C’est vraiment cool. 

Pour moi, la guitare classique avec laquelle j’enregistrerais serait une vieille Gibson. Mais je serais heureux d’enregistrer avec celle-ci, et je parie que personne ne parviendrait à faire la différence, sauf en ce qui concerne le sustain et l’intonation.

Horace Bray

Guitariste de session/tournée, interprète, producteur

[Joue sur la 512ce.] Première réaction : Elle sonne bien. La première chose qui m’a interpellé, c’est qu’elle est vraiment homogène tout au long du manche. J’adore les guitares, mais j’aime vraiment quand j’ai l’impression de jouer sur un piano, où le son est équilibré sur l’ensemble de l’instrument. C’est le premier truc qui se démarque. Il se passe définitivement quelque chose dans les médiums, quelque chose qui diffère de mon expérience avec mes guitares à table épicéa et dos/éclisses en acajou. On dirait presque qu’il y a un effet de compression naturelle, ce qui contribue probablement à cette uniformité sur l’ensemble de la guitare. Le son n’est pas mou. Les silences parlent vraiment, et c’est ce sur quoi je m’attarde un peu… L’attaque est plus immédiate avec cet instrument.

[Joue sur la 514ce] Waouh. Celle-ci a des qualités un peu plus percussives. J’ai l’impression qu’elle réagit un peu plus face à une attaque au médiator. Ça me donne envie de gratter des accords… Je pense que j’aime la façon dont le médiator attaque davantage les cordes, mais la compression plus naturelle que j’obtiens avec l’autre me fait plus ou moins graviter davantage vers des lignes mélodiques simples. Probablement un peu plus de bluegrass avec celle-ci, un jeu plus en accords, avec des notes qu’on laisse résonner, sur celle-là.

Je pense que les deux se complèteraient très bien en studio… Je pense que la différence d’attaque donnerait un excellent résultat si on superposait ces deux instruments.

Taylor Gamble

(Ari Lennox) Guitariste de session/tournée (gospel-rock, R&B, acoustique/classique)

[Joue sur la 512ce] J’aime bien les sensations en termes de tension des cordes. Je peux vraiment avoir un trémolo ici… L’action est parfaite. Elle possède vraiment la chaleur du palissandre ; j’aime ce bois pour sa rondeur, pour sa capacité à s’adapter à différents genres.

[Le son est] luxuriant… J’adorerais l’entendre branchée et amplifiée avec un micro dans le même temps, car ce son est massif. Quand je joue doucement, je peux vraiment entendre le son dans son ensemble… Le sustain est épatant. Les notes durent, je n’ai pas l’impression de perdre en consistance alors qu’elles s’atténuent. Quand je gratte des accords, l’attaque claque, conformément à mes besoins.

Je pourrais jouer un set acoustique entier sur cette guitare, en accords, en fingerpicking… J’ai associé certaines pédales d’effet à mes acoustiques, parce que je trouve que c’est beau quand tu maries parfaitement le son acoustique au son électrique, même si tu ne fais que gratter des accords. La couche supplémentaire offerte par un instrument acoustique peut véritablement être la cerise sur le gâteau dans de nombreuses situations. J’utiliserais sans aucun doute cette guitare dans une application acoustique ; je m’en servirais certainement en concert : par exemple, si je jouais aux côtés d’un artiste, je la sortirais probablement et vous dirais « Amplifiez-la juste avec un micro, même pas besoin de la brancher, ça va bien sonner. » J’enregistrerais également avec elle. Honnêtement, c’est le genre d’instrument que j’enregistrerais en même temps que mes parties chant. 

Cette guitare me permet d’entendre tout ce que j’ai besoin d’entendre quand je joue sur une acoustique. J’entends très bien les graves, j’entends toujours les aigus, et les médiums… J’ai plus de médiums avec celle-là, mais la façon dont je joue… Je joue beaucoup d’accords en y mettant toute mon âme, j’ai donc besoin de ces basses. Les accords doivent être luxuriants, ils doivent sonner, ils doivent résonner. Voilà la musicienne que je suis. Le son est très important à mes yeux. 

Janet Robin

Autrice-compositrice-interprète, membre de The String Revolution

[Joue sur la 514ce] Comme d’habitude, le manche est top. L’action est excellente. J’ai un jeu plutôt percussif… La réponse est assez bonne, d’autant plus que ce n’est pas une dreadnought. Elle encaisse mon jeu. Je pense qu’elle a un son sympa, homogène. Il est très équilibré. [Joue en accords, mais moins énergiquement.] Le sustain est superbe. Mon autre Taylor est en épicéa et palissandre [dreadnought signature Dan Crary]. Je n’obtiens pas vraiment ce son. C’est très velouté ; très homogène entre les basses, les médiums et les aigus. Je dirais que ça penche un peu plus vers les médiums. Bien sûr, cela dépend aussi des cordes que vous utilisez.

Je pense que c’est le genre de guitare que vous pouvez utiliser de nombreuses manières différentes : avec un jeu percussif, comme moi, peut-être en fingerstyle [joue en fingerpicking], superbe. Là encore, cette espèce de sustain sympa, velouté. Clairement géniale pour le fingerstyle, pour gratter des accords… Une excellente guitare d’auteur-compositeur-interprète. Même si vous jouez en solo… Je suis convaincue qu’elle peut être parfaite pour un artiste solo. En raison de son penchant pour les médiums, elle se démarquerait au sein d’un groupe… [Joue encore] La dynamique est superbe.

Trois Hommes et un Destin

Défiler vers le bas

En tant que luthier en chef et président-directeur général, Andy Powers est prêt à chapeauter la prochaine génération d’innovations Taylor

Nous avons dû commander de nouvelles cartes de visite à Andy Powers. En effet, le 31 mai, nous avons annoncé qu’il venait d’être nommé président-directeur général de Taylor. Si vous connaissez Andy, vous savez qu’il ne fait pas cas des intitulés de poste : il aurait simplement tendance à mettre en avant son rôle de luthier afin de souligner que Taylor cherche encore et toujours à fabriquer des instruments qui ravissent et inspirent les musiciens.

Dans une vidéo préenregistrée avec Andy, Bob Taylor et Kurt Listug, co-fondateurs – et à présent anciens président et directeur général, respectivement – étaient fiers d’apprendre la nouvelle aux employés-propriétaires de Taylor un jour avant l’annonce publique. Bob et Kurt ont également indiqué qu’ils continueraient à s’impliquer dans l’entreprise en tant que conseillers senior et co-présidents du conseil d’administration de Taylor Guitars, mis en place dans le cadre de la transition de la société vers un actionnariat complet des salariés.

L’annonce a eu lieu quelques jours avant le NAMM d’été. Se déroulant à Anaheim, en Californie, le retour du salon était un événement à lui seul en raison des annulations dues à la COVID !

La semaine suivante, nous avons organisé notre programme semestriel d’intégration sur le campus Taylor à El Cajon. Andy a pu s’adresser en personne aux employés-propriétaires, parler de son nouveau rôle et aborder la voie qu’il souhaitait nous voir emprunter en tant que fabricant de guitares. Quelques morceaux sont tout d’abord venus ouvrir les festivités.

Jason Mraz, ami de longue date d’Andy (qui l’accompagnait d’ailleurs sur scène), est venu jouer quelques chansons.

La boucle était bouclée : en effet, Andy avait déjà accompagné Jason sur la scène Taylor du NAMM en 2010 ; c’est cette prestation qui permit à notre maître-luthier et à Bob de faire connaissance. De grandes discussions s’ensuivirent entre les deux hommes. Bob argumenta. Andy rejoignit l’entreprise en janvier 2011, et la suite, vous la connaissez : elle continue d’ailleurs de s’écrire mais cette fois, avec Andy dorénavant officiellement à la tête de l’entreprise.

Une transition en douceur

Compte tenu de la progression des événements chez Taylor au cours de ces dernières années, peu d’employés de l’entreprise ont été surpris par la promotion d’Andy. Cela semblait plutôt être la suite logique du plan de succession initié par Bob et Kurt. En 2019, Andy est devenu partenaire propriétaire de la société : cela témoignait de la confiance que Bob et Kurt lui accordaient, ainsi que de leur volonté de conserver le design de guitares au cœur des préoccupations de Taylor pour l’avenir à long terme.

Andy possède la vision et le talent nécessaires pour continuer à faire évoluer les guitares Taylor. Sa présence est essentielle pour l’avenir de l’entreprise.

Bob Taylor

Cet engagement a été renforcé lorsque l’entreprise a annoncé sa transition vers un actionnariat complet des salariés en 2021 ; selon Bob, Kurt et Andy, il s’agissait du meilleur arrangement possible pour préserver la culture de créativité et d’innovation guitaristique qui étaye la croissance et la réussite de Taylor. La vision créative d’Andy, ses designs axés sur les musiciens et son leadership pondéré chez Taylor, ainsi que son implication professionnelle au sein de l’entreprise, ont été des facteurs importants dans cette décision, confortant Bob et Kurt dans leur choix.

“Andy possède la vision et le talent nécessaires pour continuer à faire évoluer les guitares Taylor, déclare Bob. Sa présence est essentielle pour l’avenir de l’entreprise. ”

Apprendre aux côtés de Kurt

Bien que le passage du flambeau entre Bob et Andy ait été évident dès le départ, il n’était au début pas prévu qu’Andy remplace Kurt. Cependant, Kurt déclare qu’Andy s’était tout de suite montré à la fois intéressé et capable de s’occuper du côté commercial de Taylor, et qu’il avait compris comment tous les éléments devaient s’emboîter pour entretenir la bonne santé financière de l’entreprise.

“Depuis son arrivée en 2011, Andy a travaillé en étroite collaboration avec les services des ventes, du marketing, des finances et des ressources humaines, que je dirigeais ; il comprend parfaitement leur fonctionnement”, a expliqué Kurt lors de l’annonce aux employés-propriétaires de Taylor.

Au cours de ces dernières années, Kurt a consacré beaucoup de temps à superviser Andy, à lui parler de budgétisation financière, à passer en revue les états financiers et à aborder la philosophie de gestion de l’activité qui a guidé les décisions prises au fil du temps. Il admet s’être rendu compte en 2020 qu’Andy était la personne adéquate pour reprendre son poste, alors qu’ils préparaient le terrain pour la transition vers un régime d’actionnariat des salariés.

Kurt souligne également qu’il est à présent plus faisable pour une seule personne de superviser à la fois la fabrication de guitare et la partie commerciale de l’entreprise ; en effet, la présence de Taylor est bien établie sur le marché, et la société possède une équipe de direction forte et qualifiée : riches d’une solide expérience chez Taylor, ses membres seront en mesure de soutenir Andy dans ses fonctions.

Que ce soit pour Bob ou moi, il nous aurait été impossible de créer et d’établir l’entreprise seul, admet-il. Bob avait 19 ans et moi 21. On n’avait aucune expérience. Il nous a fallu nous concentrer sur nos centres d’intérêt et nous améliorer au fur et à mesure que nous travaillions dessus. L’entreprise est bien différente maintenant.

Andy bénéficie des enseignements de Bob et Kurt.

C’était amusant de travailler avec Kurt et de voir un côté des choses, puis de se pencher sur l’autre côté avec Bob, déclare-t-il. J’ai énormément de chance d’avoir pu collaborer avec eux et de comprendre leurs points de vue. 

Rester fidèle à la marque en adoptant le changement

Dans le cadre de la révélation publique du nouveau rôle d’Andy, nous avons enregistré une édition spéciale de notre émission en streaming Taylor Primetime, animée par Jay Parkin, producteur de contenu pour Taylor. Bob, Kurt et Andy étaient les invités spéciaux de l’émission. Ils ont fait part de leurs réflexions et ont expliqué pour quelles raisons cette situation serait bénéfique pour l’entreprise et ses parties prenantes à l’avenir. Jay a demandé à Andy comment ce dernier envisageait son changement de poste.

J’ai vraiment beaucoup de chance, car nous sommes entourés de personnes exceptionnelles avec qui je travaille tout le temps. 

Andy Powers

En toute honnêteté, mon rôle ne change pas vraiment, a-t-il répondu. À bien des égards, c’est un peu comme d’habitude… Franchement, nous avons une équipe incroyable qui travaille ici, et qui me permet de passer la majeure partie de mon temps à fabriquer mes guitares. Les bases que Bob a posées avec nos équipes de production et de développement produits, nos équipes de construction et d’entretien des machines, l’approvisionnement en bois, ainsi que le travail que Kurt a abattu en montant les services des ventes, du marketing, des finances et des ressources humaines… J’ai vraiment beaucoup de chance, car nous sommes entourés de personnes exceptionnelles avec qui je travaille tout le temps. Nous avons des vétérans du secteur, nous avons des gens au sommet de leur art dans leur domaine… Il est donc relativement facile de faire tourner l’entreprise grâce à ces services que l’on pourrait qualifier de plus classiques. Ne vous méprenez pas : c’est énormément de travail chaque jour. Mais les gens avec qui nous travaillons sont très pro, ils sont vraiment bons dans leur domaine, c’est donc un vrai plaisir !

Bien que le rôle d’Andy ne change pas de manière spectaculaire, Bob, Kurt et Andy conviennent que conformément à l’esprit Taylor, nos guitares vont – et doivent – continuer à évoluer. Bob transmet à Andy un sage conseil, né des enseignements du temps.

À chaque fois que j’ai modifié quelque chose sur une guitare, les gens m’ont dit “Est-ce que ça va la changer ?” Ce qu’ils veulent dire, c’est “Est-ce que ça ne va pas faire empirer les choses ?” Je ne compte plus le nombre de fois où cela s’est produit. Libre à toi de faire évoluer les choses, Andy. Perfectionne-les.

Andy comprend qu’il doit à présent diriger l’entreprise de manière à en améliorer l’activité dans son ensemble. La grande question, dit-il, c’est l’améliorer pour qui ?

“Dans notre cas, nous pouvons faire mieux pour les musiciens que nous servons, pour les fournisseurs auprès desquels nous achetons nos matériaux, pour les personnes à qui nous vendons nos guitares, et pour nos employés. Quand nous évoluons à des fins d’amélioration, ce sont tous ces gens qui en retirent des avantages.”

Histoires liées

Volume 103 . 2022 Édition 3

Demandez à Bob - Différences entre Bob et Andy, comment les frettes et les plaques de protection impactent le son, et comment les bois des guitares acoustiques évoluent avec l’âge

Différences entre Bob et Andy, comment les frettes et les plaques de protection impactent le son, et comment les bois des guitares acoustiques évoluent avec l’âge

Lire cet article

Volume 103 . 2022 Édition 3

L’essence de l’art

Andy en a fait l’expérience : la chance favorise ceux qui cherchent des solutions – avec un petit coup de pouce de personnes aux idées similaires, qui les guident dans cette quête.

Lire cet article

Volume 103 . 2022 Édition 3

Passation de pouvoirs

Kurt a pleinement confiance dans les capacités d’Andy à diriger l’entreprise en tant que président-directeur général

Lire cet article

  • 2022 Édition 3 /
  • Technique upstroke, accords mineurs de 11e et triades

Guitar Lessons

Technique upstroke, accords mineurs de 11e et triades

Défiler vers le bas

Le roi de la guitare R&B Kerry « 2 Smooth » Marshall est de retour avec encore plus d’astuces pour jouer du R&B sur un instrument acoustique

Vos trois nouveaux cours de guitare avec Kerry “2 Smooth” Marshall, guitariste de session, professeur de musique et virtuose du R&B, sont arrivés !

Grâce à plus de 20 années d’expérience dans le monde de la musique, Kerry peut enrichir ses célèbres cours de guitare en ligne ainsi que les enseignements de son école de guitare virtuelle, Kerry’s Kamp. Avec près de 135 000 abonnés sur YouTube et de nouveaux cours vidéo proposés chaque semaine, Kerry est une source permanente d’inspiration pour les musiciens cherchant à explorer les techniques guitaristiques de l’univers du R&B, du gospel et de la néo-soul. En tant que guitariste de session, Kerry a également joué et enregistré aux côtés de grands artistes tels que Tori Kelly, Jason Derulo, Chrisette Michelle et Ledisi.

Technique upstroke

Kerry vous montre une technique simple au médiator : le jeu en upstroke, ou “coup vers le haut”, pour une accentuation rythmique subtile. Regardez Kerry vous démontrer comment agrémenter facilement votre son d’une touche R&B.

Accord mineur de onzième

Kerry explore ensuite un son important du jeu de guitare R&B, pouvant également s’adapter à d’autres styles : l’accord mineur de 11e. Regardez Kerry vous montrer comment employer l’accord mineur de 11e comme variation subtile de l’accord mineur de 7e, plus courant.

Triades

Enfin, Kerry propose un cours pour les musiciens plus expérimentés sur les triades, une autre technique subtile que vous pouvez employer pour colorer votre jeu et ainsi créer une douce atmosphère R&B

Vous voulez visionner davantage de cours de guitare proposés par Kerry “2 Smooth” Marshall? Veillez à consulter sa chaîne YouTube et à vous abonner à ses vidéos pédagogiques hebdomadaires.

Présentation des guitares Custom, 2 round

Défiler vers le bas

Découvrez encore plus de guitares remarquables issues de notre programme de personnalisation, équipées de bois de lutherie haut de gamme et de magnifiques détails esthétiques

Dans notre dernier numéro, nous vous avions présenté un petit panel de superbes guitares Taylor construites sur mesure, dessinées pour un événement commercial exclusif s’étant tenu en parallèle au retour du NAMM à Anaheim, Californie, en juin de cette année. Ces guitares, fabriquées en éditions très limitées, reflètent le nec plus ultra du savoir-faire et de la créativité esthétique de Taylor. Regorgeant de caractéristiques remarquables, nombre de ces instruments personnalisés arborent des bois de grade premium, faisant d’eux des modèles dont les sonorités riches n’ont d’égales que leur look attrayant.

Pour mettre en valeur correctement les détails de ces guitares, nous avons également amélioré la présentation de la galerie sur le site Internet de Taylor. Vous pouvez aussi découvrir la collection en constante évolution de modèles Taylor personnalisés, accompagnés de superbes photos, de leurs caractéristiques complètes et du nom des revendeurs les ayant commandés à l’adresse https://customs.taylorguitars.com.

Et si l’un de ces instruments vous interpelle, il vous suffit de contacter notre service client ; nous vous aiderons à en trouver un.

Custom 12-Fret Grand Concert (#7)

Back/Sides: Noyer
Top: Noyer
Appointments: filet de caisse en bloodwood, rosace simple anneau érable/bloodwood au motif “Roman Leaf”, incrustations de touche en érable/bloodwood datant des débuts de la série 900, finition vernie Shaded Edgeburst chocolat

Custom Grand Auditorium (#36)

Back/Sides: érable à grandes feuilles
Top: épicéa de Sitka
Appointments: filet et repose-bras en érable flammé, rosace simple anneau en érable/koa, incrustations de touche en érable/koa au motif “Art Deco”, finition vernie Koi Blue avec bande naturelle au dos

Custom Grand Symphony (#16)

Back/Sides: palissandre indien
Top: épicéa Lutz
Appointments: filet en bloodwood, rosace simple anneau érable/bloodwood, incrustations de touche/de tête en érable/bloodwood au motif “Bouquet”, chevilles de chevalet teintées en os avec points en opale australienne rouge, bords de caisse chanfreinés, finition satinée silencieuse avec dos et éclisses Kona Edgeburst et table Wild Honey Burst.

Custom Grand Symphony (#18)

Back/Sides: érable à grandes feuilles
Top: épicéa de Sitka
Appointments: filet de caisse en cocobolo, rosace simple anneau en paua, incrustations de touche/de tête en paua au motif “Spring Vine”, chevilles de chevalet teintées en os avec points en opale australienne verte, mécaniques Gotoh 510 coloris Or ancien, finition vernie Amber avec vieillissement de la table

Custom Grand Symphony (#28)

Back/Sides: acajou néotropical
Top: épicéa de Sitka
Appointments: filet en ébène d’Afrique de l’Ouest, rosace simple anneau en paua, incrustations de touche/de tête/de chevalet en paua et nacre au motif “Nouveau”, mécaniques Gotoh 510 Or ancien, finition vernie noire transparente

Custom T5z (#19)

Body: sapelli
Top: érable pommelé à grandes feuilles
Appointments: filet noir avec bord de table en abalone vert, incrustations de touche/de tête en abalone vert au motif “Byzantine”, chevilles de chevalet teintées en os avec points en opale australienne verte, finition vernie Supernova Edgeburst

Custom Grand Auditorium (#27)

Back/Sides: palissandre indien
Top: séquoia sempervirens
Appointments: filet et repose-bras en bloodwood, rosace simple anneau en paua, incrustations de touche en paua au motif “Leaf”, chevilles de chevalet teintées en os avec points en opale australienne rouge, finition satinée silencieuse avec table Shaded

Custom Grand Symphony (#28)

Back/Sides: mimosa à bois noir figuré
Top: épicéa commun
Appointments: filet et repose-bras en bloodwood, rosace simple anneau en bloodwood, incrustations de touche en érable/koa au motif “Running Horses”, mécaniques 510 Gotoh

  • 2022 Édition 3 /
  • Focus sur les bases de l’entretien de la guitare avec Rob Magargal

Focus sur les bases de l’entretien de la guitare avec Rob Magargal

Défiler vers le bas

Taylor’s service network manager explains basic guitar care tools, how to change strings and proper humidity control.

Vos trois nouveaux cours de guitare avec Kerry “2 Smooth” Marshall, guitariste de session, professeur de musique et virtuose du R&B, sont arrivés !

Rob Magargal, directeur du réseau de service Taylor, a passé de nombreuses années penché sur un établi à l’usine Taylor ou sur le terrain, apportant des améliorations à des guitares, toutes formes et toutes tailles confondues, afin de les doter d’une jouabilité parfaite et de sonorités riches. Dans ces vidéos, Rob identifie les outils essentiels pour l’entretien de votre guitare, vous explique les bases de la gestion de l’humidité et vous montre des techniques appropriées pour changer les cordes de quasiment tous les types de guitares acoustiques.

Technique upstroke

Ici, Rob identifie les outils essentiels nécessaires à l’entretien courant de votre guitare, notamment le changement de cordes.

Accord mineur de onzième

Dans cette vidéo, Rob aborde LA compétence ultime que chaque musicien devrait maîtriser : le changement de cordes. Veuillez remarquer que cette vidéo concerne spécifiquement les guitares acoustiques 6 cordes acier.

Triades

Si vous avez déjà joué sur une guitare Taylor à cordes nylon, telle qu’une 312ce-N, une Academy 12e-N, une 812ce-N ou encore toute autre guitare classique traditionnelle, vous avez probablement constaté que les cordes sont fixées différemment, à la fois au niveau de la tête que du chevalet, par rapport à un instrument à cordes acier. Ici, Rob vous explique comment remplacer des cordes nylon sur une guitare. Attention : vous ne devez jamais équiper votre guitare nylon de cordes acier : la tension supplémentaire endommagera l’instrument.

Changement de cordes : guitare acoustique 12 cordes

Avec deux fois plus de cordes que sur une guitare standard, il peut être intimidant d’installer un nouveau jeu complet de 12 cordes. Ne vous inquiétez pas, le procédé n’est pas tellement différent, comme vous l’explique Rob.

Changement de cordes : guitares à tête ajourée

Les modèles à tête ajourée, tels nos guitares Grand Concert 12 frettes, combinent les procédés utilisés pour les guitares standard à cordes nylon et acier. Ici, Rob vous montre comment remplacer les cordes de votre guitare à tête ajourée.

Entretien de la guitare : gestion de l’humidité

L’humidité relative est l’un des facteurs les plus importants à prendre en compte en matière d’entretien de la guitare. Le bois réagit fortement aux fluctuations climatiques, et une humidité excessive ou insuffisante autour de votre guitare acoustique peut entraîner des problèmes de jouabilité ou impacter le son. Heureusement, il est assez simple d’entretenir un taux d’humidité recommandé autour de votre instrument. Rob vous explique les bases en images.